30 septembre 2008

FFC les archives g@rpiennes#4 : Tourmaline, Johanna Scott

Pour les rares qui lisent ces feuilles, on va remettre une couche de vous avez compris quoi.
De nouveau, retour vers le Fric-Frac Club : avril 2008
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17 avril 2008

Échos d’échos, ombres d’ombres


Sorti en début d’année, Tourmaline de Joanna Scott semble avoir suscité peu d’écho : si l’on pose une oreille contre les filaments de la Toile – d’ordinaire si prompte à s’enflammer – point de TGV (Très Grosse Vibration) à l’horizon numérique. Tout juste l’imposante et lourde locomotive Le Monde (quoiqu’en cure d’amaigrissement – ce n’est pas pour rien qu’il faut euroraquer si l’on souhaite lire sans se salir les doigts) le 8 février, le tender Culture Café le 12 mars, suivi d’un seul et unique wagon le 26 mars : Country for Old Men, de ThomZ, éminent Chum of The Club.

Ensuite : silence informatico-littéraire.

Ou presque.

[je n’ai pas concerté les Chums avant de révéler ce qui va suivre. On en reparle si besoin ?]

Parce que les coulisses du FFC ont bruissé d’une nuée de points d’interrogation : pourquoi Tourmaline au Lot49 ?

Les « pourquoi ? » de ce pourquoi, par ordre d’apparition à l’écran :

  • style très classique qui dénote avec le reste de la production de Lot49
  • très classique à part un ou deux chapitres plutôt « barrés »
  • j'aimerais demander à Claro ou Hofmarcher ce qui les a décidés à prendre ce livre pour Lot49 parce que, encore une fois, il dénote vraiment avec le reste du catalogue. Limite je l'aurais bien vu publié par Belfond…
  • pourquoi Lot 49 pour ce titre...en plus, je n'ai pas particulièrement été enthousiasmé, même si quelques éléments ont pu retenir mon attention...j'ai l'impression que pendant tout le roman on attend quelque chose qui ne vient pas....
  • pour l'instant, le début n'est pas mal, même s'il tranche nettement avec les dernières parutions du Lot49. Mais bon, ils ne pouvaient pas non plus faire leur fond de commerce avec de l'ébouriffant/décoiffant/étourdissant. Peut-être ont-ils misé sur la carte « Le temps où nous chantions » ?
  • j'ignore si c'est moi, ou le style Scott, mais j'ai le sentiment d'avancer lentement. Très lentement.
  • Énormément de descriptions poétiques de l'île d'Elbe, une certaine...langueur ?
    Trois semaines étirées sur une soixantaine de pages, puis trois mois en une page.
    Quoi que l'explication se trouve peut-être dans cette phrase : " On dirait que nous sommes sortis du temps, disait notre mère (...) "
  • Y' a pas vraiment de grosse analyse possible ou alors des trucs bateau du genre de ceux qui se trouvent sur la quatrième. (1)

ThomZ ayant déjà fait un papier [cf. supra], et étant le seul à lire si lentement que je n’ai pas (encore) osé gravir le dernier Bolaño, je me suis donc proposé d’y aller de quelques octets qu’on espèrera les moins niais possibles (c’est mal engagé).

Donc, pourquoi Tourmaline au Lot49 ?

Pour l’équilibre chimiquement instable de la narration du récit reconstitué, ainsi que le souligne ThomZ ?

Ça pourrait coller avec la déclaration d’intention du Lot49, déclaration qui, curieusement, a cessé d’exister à partir de Tourmaline. Coïncidence ? Peu importe.

Pour commencer l’année en douceur et la finir en un sprint que l’on se plait à imaginer Pynchonien ? Surtout si l’on voit un signe dans la parution, dans la foulée, du Stone Junction de Jim Dodge, préfacé par qui-vous-savez. On peut toujours rêver…

N’y aurait-il pas autre chose dans Tourmaline qui expliquerait ce choix ?


Vrai-faux roman victorien (on épargnera au potentiel lecteur de ce papier le sempiternel résumé de l’intrigue, il suffit de cliquer sur le premier lien, quelques caractères – espaces compris – plus haut) dans lequel les non-dits varient d’un narrateur à l’autre, Tourmaline transcrit un travail de mémoire entrepris par celui qui, vu son jeune âge au moment des faits, est le moins à même d’en avoir – tout le monde suit ? Et la reconstitution qu’il amorce, prend des allures de chasse au trésor. Avec un bémol toutefois :

même si nous ne trouvions pas de trésor,

nous démontrerions la valeur de nos efforts

[p.64]

L’île d’Elbe, dont les longues descriptions poétiques bercent le lecteur d’une langueur monotone, serait-elle l’île au trésor ? Ou plutôt aux trésors, tant chacun des personnages semble obéir à sa propre quête. En ce sens, Scott les définirait-elle non pas par ce qu’ils cherchent mais par le simple fait de chercher ? Par la « valeur de leurs efforts » ?

Pas seulement.

Ce serait omettre que tant Murray, le père à l’enthousiasme à géométrie variable, Claire, son épouse et mère des quatre frères (j’en compte quatre ThomZ : trois, et le narrateur) que Adriana, l’ingénieur de l’Ohio, l’historien Francis Cape, tous ne semblent révélés que par leurs zones d’ombre, les non-dits. Et lorsque la lumière jaillit, elle laisse toujours dans l’ombre ce qui serait la vérité : « Échos d’échos, ombres d’ombres »

La voix du narrateur prend alors une curieuse tonalité, assez proche, si l’on osait, d’une somme d’échos – la poésie de Claire, l’engouement girouette du père, l’insouciance et la joie des frères – somme de disparitions, d’ombres, un jeu de marelle de flaques d’ombre en taches de lumière (encore que ce qui est exposé à la lumière cache davantage qu’il ne révèle).

Ceci expliquerait l’impression diffuse de personnages fuyants, tout autant que de surprenants changements de temps :

Là où mon frère avait été, il n’y avait plus que le tracé invisible de sa forme. Puis l’ingénieur se tourna encore un peu, et Nat réapparut : mon frère, le troisième fils de Claire, un jeune garçon fou de joie car il vole haut, sans efforts, au-dessus des flots.

Des anneaux de fer cliquettent contre le mât du drapeau. Un chien aboie sur le pont inférieur. Le vent apporte le bruit d’une toux. J’entends tout cela à traves mes propres sanglots. Il s’est passé quelque chose d’effroyable, et quelque chose d’encore plus effroyable va se produire. (…)

Puis l’homme se tourna encore un peu (…)

[pp. 31-32]

Finalement, même si l’on apprend ce qui s’est passé, le doute demeure : s’agit-il de la vérité, ou d’une partie de celle-ci ? À bien y lire, entre l’ombre et les fuites de chacun – Murray fuit ses responsabilités, Claire fuit – entre autres – la vérité, Adriana s’enfuit, Cape (même Napoléon s’est enfuit de l’île…) – il se pourrait fort bien qu’existent plusieurs vérités…

S’il procure une sensation mitigée, Tourmaline laisse un curieux goût en bouche. Celui d’un roman de points d’interrogation, dont la trace demeure tenace.

à chaque moment de notre vie, notre esprit n’est pas

seulement empli de nos souvenirs, mais aussi de ce que vivent

les personnages des livres que nous lisons.

[p.72]

En ce sens, et par sa voix plurielle, insidieuse et singulière, il ne tranche pas dans la production du Lot49 : il réclame seulement d’être digéré lentement.


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(1) ces propos n’engagent que leurs auteurs, dont les pseudonoms ont été masqués pour raison de sécurité du signataire (pas si fou !)

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Pour les commentaires de l'époque, c'est par là.

La suite sous peu.

26 septembre 2008

Le lecteur schizofriend#1

"Partant du fait que toute masse concentrée est en réalité une distorsion locale de l'espace en soi, il existe exactement une seule surface, définie par un tenseur métrique ou disons une équation, enregistrée au Bureau américain des brevets, qui, incorporée à un modèle de chapeau adéquat, supportera la charge d'impact de n'importe quel coffre connu tombant d'une altitude moyenne, ne transmettant au porteur que le plus trivial des vecteurs résultants, une brève tape sur la tête tout au plus, tout en propulsant le coffre vers le plus proche caniveau. Odo, mon assistant que voici, va se faire un plaisir de fixer, hisser et lâcher tout coffre que vous, mesdames et messieurs, souhaiteriez lui indiquer, et ce directement sur le sommet de mon crâne, n'est-ce pas, Odo ?"
"Unnhhrrhhh ! " répondait Odo avec un empressement que d'aucuns aurient jugé déplacé, bien qu'en coulisses Dally trouvât le jeune homme poli et doté d'une élocution soignée, s'efforçant de mettre de côté assez d'argent pour ouvrir son propre musée de curiosités, peut-être plus loin dans les quartiers chics, et tous deux prirent l'habitude d'aller boire un café ensemble après la dernière représentation.

Contre-jour - Thomas Pynchon - p.394 - Seuil - 09/2008

(rendons à César le lecteur schizophrène appartenant à A.W ,que je me suis autorisé à quelque peu détourner)

La suite sous peu.

21 septembre 2008

FFC les archives g@rpiennes#3 : la semaine de la mort qui tue.

Ainsi qu'on l'a déjà évoqué il y a quelques jours, continuons le flash-back.
Cette fois-ci...
[Fric-Frac Club avril 2008]
Note à benêt : pour comprendre l'intérêt de la "chose" qui va suivre, il convient de cliquer comme un maladamné sur chacun des liens.
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La semaine de la mort qui tue

Il fallait s’y attendre : la semaine fut rude pour les Chums of the Club.

Il faut dire que régurgiter les 2666 pages du Bolaño en étant le plus concis possible, n’est pas chose aisée, surtout quand cette œuvre posthume ne contient en réalité qu’un peu plus de 1000 pages – ce qui fait que je n’en comprends toujours pas le titre…

Donc, la semaine, à quelques exceptions près, fut Bolañienne. On l’a déjà dit : on s’y attendait. Des jours et des jours et des nuits que ça bruisse, que ça s’agite, barjaque, tchache, tapodissèque, hypothèse en coulisses. À ce que l’on a pu capter : Bolaño le vaut bien.

Sauf que, tout-à-coup soudain, un hurlement Faustien a déchiré la toile :

« Lazare ne sait pas compter jusqu’à 2666 ! »

Il va se faire lyncher, me suis-je dit.

Mais c’était sans compter sur Claro qui, sortant du cinéma le 31 mars, le cœur simple à fleur de peau, a aussitôt dégainé son six coups (vous pouvez compter, il y en a bien six) :

« Ne boudez pas votre plaisir(1) » a-t-il clinté en direction des putatifs agresseurs du sieur Lazare qui n’en menait pas large. « Faites-lui un Tours de Pynchon et va y avoir de la décomposition dans la confrérie des mutilés ! Alors, bande de Soliman Rastaquouère, on joue moins les pomponettes ? »

Là, il y a eu comme un blanc.

Deux, même.

Puis un troisième.

Pendant lequel on a entendu g@rp s’interroger à voix basse sur l’opportunité d’ajouter « poil à la casquette » avant finalement de marmonner dans sa moustache que « non, ça le ferait mieux avec Rastaquouère » - personne n’a souhaité le contredire.

Tous ces blancs furent alors suivis d’une envolée de moineaux du plus bel effet artistique, à tel point que, depuis, Fausto s’est remis au dessin. On s’en serait douté, a.w lui donne un coup de main, quelque part dans l’atelier du FFC.

Histoire de se remettre de ses émotions, Lazare a préféré opter pour la décoration d’intérieur. Hélas, à son habitude, il fait les choses en surfant entre veille et sommeil. Mais délaisse le génépi pour l’eau (oh ?) D’ailleurs, il semblerait que son état s’améliore puisqu’il ne voit plus que des mygales pourpres mea culpant des propos incohérents de windows et d’ubuntu plantés, puis déplantés par la faute du cafard d’un certain blogger – comprend qui peut. Comme quoi le manque de sommeil peut provoquer des ravages…

« Pas du tout, pas du tout ! intervient jdm. We can be heroes ! » bowise-t-il en guise d’explication, révélant dans la foulée la véritable identité de La buse – dont on est sans nouvelles depuis qu’il a entrepris le tourrr du mooooooonde.

Bref, la semaine commençait plutôt sec.

Le tout sur une pulpeuse bande son signée Belane.

C’est après, que tout est parti en quenouille(2).

Il semble en effet qu’une étrange maladie frappe chacun des Chums of the Club, jugez-en plutôt :

- Pedro Babel varese et zappe – ah ! – pour finir ionisé.

- Thomz trouve que les gamins sont merveilleux – aurait il décidé de faire la lecture à moolz pendant ses longues nuits de papa#2 ? – et se met dans la foulée à fumer des Lucky.

- a.w en a ras la marge et envoie bouler Pedro puis zappe – ah ? – lui aussi.

- Belane, pendant ce temps, descend cul sec la bouteille de Génépi abandonnée par Lazare. Ce qui devait arriver arriva : il pond alors un V3.2 (probablement selon le principe des vases communicants).

- ThomZ trouve finalement que ses Lucky n’ont pas bon goût.

- Bartleby, à peine sorti d’un syndrome d’Ulysse, sombre dans les égouts de l’âme. Y trouvera-t-il des chasseurs d’alligators ?

- Lazare comprend enfin qu’il est définitivement fâché avec l’arithm..l’arythm…le calcul, et décide de se faire appeler Chris Jordan : il joue désormais avec des Barbie™ et pousse le vice jusqu’à révéler l’authentique photo de Thomz fumant une de ses Lucky Bad Taste.

- Otarie se prend pour Sigourney Weaver et intime l’ordre de stopper toute lecture « au premier nom de singe qui arrive ». Ce qui revient à scier la branche sur laquelle il est assis ce jour-là...

- Lazare, excédé de ne rien comprendre au dernier Bolaño, met les points sur les « i » et les barres aux « t » en se prenant pour Jackie Quartz.

- Claro, mains sur les oreilles, préfère franchir le mur du son, d’autant plus que l’incroyable se produit [roulement de tambour] lorsque Fausto fait son coming out : depuis 1973, il n’est qu’un imposteur – ce dont tout le monde se doutait (un tel taux de fréquentation pour une table somme toute rase, ça ne pouvait que cacher quelque chose).

Seul Pedro trouve ça drôle et s’hilare alors qu’il faisait son jardin.

Il était temps que les congés arrivent.

Ce qu’ils firent.

*

Pour le début des vacances, Claro, pas de bol, tombe sur le seul prof qui, plutôt que de se mettre au vert à la cambrousse, décide d’aller au cinéma et de passer ensuite à la Tévé pour clamer que l’odeur de la bouse n’était pas sur l’écran. Ce qui devait arriver arriva : le clavier traducteur se montre encore plus cannibale que d’ordinaire.

Depuis, il semblerait que Miss Rudesse ait détrôné Carla Bruni au palmarés des mots les plus recherchés sur la toile. Ce qui n’est pas plus mal.

Dans le domaine du pas de bol, n’oublions pas Moolz qui se débrouille pour choper la fièvre du samedi soir un vendredi. Toujours le manque de sommeil…

Pas de bol non plus pour A.w : face à la nullité du Fausto apprenti dessinateur, il pète une durite, se prend pour un escagot et copycolle un article du fric frac dans dernière marge. Ouh laaaa, la boulette de Bolaño, comme dirait Titeuf.

On le voit, la semaine fut donc rude pour certains membres du Fric-Frac Club.

D’autant plus que depuis la mise en ligne de ce papier, on est sans nouvelles de l’ex auto proclamé patron des Chums of The Club.

La police a lancé un appel à témoins. (3)




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(1) Remarquable traduction/réécriture du célèbre « Go ahead, make my day », immortalisé par l’inspecteur Harry.

(2) NdA : le week-end, la valeur littéraire du FFC est autorisée à faire relâche – ce n’est pas pour rien que ce créneau horaire est d’ordinaire squatté par Fausto et Lazare [niark niark, je la tiens, ma vengeance, Fausto !]

(3) La vérité vraie, c’est que Fausto aurait mal digéré une spécialité culinaire dégustée avec Lazare dans un bouge Belge tenu par un patron Haut Alpin : la marmotte aux choux de Bruxelles nappée de sauce bouillabaisse flambée au Génépi.

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As usual...[blablabla]...commentaires...[blablabla] par ici.


La suite sous peu.

20 septembre 2008

Cyclocosmia : revue d'invention et d'observation

Parution le 22 septembre 2008 de Cyclocosmia, présentée en avant première le 18 septembre dernier ici, dont voici le sommaire :
Image postée par l'inscrit

Invention :
- Eric Schwald : "La Muraille"
- Emmanuel Bourdaud : "Emplafonné"
- Oscar Soria Gamarra : "Six fois la mort"
- Marie Heimburger : "Fait divers"
- David Gondar : "Utérus vaudou"
- Marion Collé : "1 fil"
- Jérôme Lafargue : "Sur la piste"
- Jean-Pierre Zubiate : "Achille en terre"

Observation :
- Antonio Werli : "Slow Learner : Thomas Pynchon, un portrait de l'invisibilité"
- Olivier Roussilhe : "Le double et son masque" (fiction)
- François Monti : "V. : là où nous allons"
- Olivier Lamm : "The Crying of Lot 49, Gravity's Rainbow, Vineland : "Slow Whirlwind", d'un jour d'avant au jour d'après, genèse d'une cosmologie du doute en trois étapes"
- Julien Frantz : "Gravity's Rainbow : infra-film en molécules longues"
- Julien Frantz : "Vineland : à travers le Bardo médiatique"
- Gilles Chamerois : "L'incipit de Mason & Dixon : l'arc-en-ciel de la création"
- Claro : "Mason & Dixon : entre les lignes"
- Marc Courtieu : "Comment interpréter les événements du monde : paraboles et lignes droites, la géométrie paranoïaque de Thomas Pynchon"
- Pedro Babel : "The funny Tom show : brève et insuffisante notule sur l'humour de Pynchon"
- Rodrigo Fresan : "Against the Day : l'hystérie interminable"
- Julien Schuh : "Against the Day : une alchimie de la lumière"
- g@rp : "Garde contre" (fiction)

- Julien Frantz : "Raymond Roussel : la transparence et son double"

Illustrations :
- Florence Lelièvre : "Méandres"
- Antonio Werli : "Graphies"

Infos complémentaires :
- 125 x 202 mm - 160 pages - 20 euros
- ISBN : 978-2-9528908-6-1

Où commander :
tout est expliqué ici.

Et s'il y a des strasbourgeois dans la salle :
ceci devrait vous intéresser.

Pour en avoir quelques exemplaires entre les mains, je peux vous garantir que la qualité est largement au-dessus de ce que j'imaginais dans mes rêves les plus fous !

Si, comme l'esc@rgot, vous n'avez pu être à la soirée du 18 septembre dernier, d'autres y étaient pour nous : ThomZ dans le rôle du Fric-Frac Report here.


La suite sous peu.

16 septembre 2008

On vous attend en 2013 !

Plus d'excuses.
Marseille a été élue capitale européenne de la culture 2013 (faut que je sois à Paris pour apprendre ça - passons).
Donc.
Les TP, Madman, Danielewski, Volmann, Evenson, Colin & autres y sont attendus de pied (et bière, pastis, tête de veau, café...et Genepi - liste non exhaustive) ferme.
On l'a dit : plus d'excuses, maintenant.
(et pour faire plaisir à moolz, on poussera même jusqu'à La Ciotat)

La suite sous peu (y'a intérêt !)

15 septembre 2008

DFW : Good People.

Good People by David Foster Wallace

They were up on a picnic table at that park by the lake, by the edge of the lake, with part of a downed tree in the shallows half hidden by the bank. Lane A. Dean, Jr., and his girlfriend, both in bluejeans and button-up shirts. They sat up on the table’s top portion and had their shoes on the bench part that people sat on to picnic or fellowship together in carefree times. They’d gone to different high schools but the same junior college, where they had met in campus ministries. It was springtime, and the park’s grass was very green and the air suffused with honeysuckle and lilacs both, which was almost too much. There were bees, and the angle of the sun made the water of the shallows look dark. There had been more storms that week, with some downed trees and the sound of chainsaws all up and down his parents’ street. Their postures on the picnic table were both the same forward kind with their shoulders rounded and elbows on their knees. In this position the girl rocked slightly and once put her face in her hands, but she was not crying. Lane was very still and immobile and looking past the bank at the downed tree in the shallows and its ball of exposed roots going all directions and the tree’s cloud of branches all half in the water. The only other individual nearby was a dozen spaced tables away, by himself, standing upright. Looking at the torn-up hole in the ground there where the tree had gone over. It was still early yet and all the shadows wheeling right and shortening. The girl wore a thin old checked cotton shirt with pearl-colored snaps with the long sleeves down and always smelled very good and clean, like someone you could trust and care about even if you weren’t in love. Lane Dean had liked the smell of her right away. His mother called her down to earth and liked her, thought she was good people, you could tell—she made this evident in little ways. The shallows lapped from different directions at the tree as if almost teething on it. Sometimes when alone and thinking or struggling to turn a matter over to Jesus Christ in prayer, he would find himself putting his fist in his palm and turning it slightly as if still playing and pounding his glove to stay sharp and alert in center. He did not do this now; it would be cruel and indecent to do this now. The older individual stood beside his picnic table—he was at it but not sitting—and looked also out of place in a suit coat or jacket and the kind of men’s hat Lane’s grandfather wore in photos as a young insurance man. He appeared to be looking across the lake. If he moved, Lane didn’t see it. He looked more like a picture than a man. There were not any ducks in view.

One thing Lane Dean did was reassure her again that he’d go with her and be there with her. It was one of the few safe or decent things he could really say. The second time he said it again now she shook her head and laughed in an unhappy way that was more just air out her nose. Her real laugh was different. Where he’d be was the waiting room, she said. That he’d be thinking about her and feeling bad for her, she knew, but he couldn’t be in there with her. This was so obviously true that he felt like a ninny that he’d kept on about it and now knew what she had thought every time he went and said it—it hadn’t brought her comfort or eased the burden at all. The worse he felt, the stiller he sat. The whole thing felt balanced on a knife or wire; if he moved to put his arm up or touch her the whole thing could tip over. He hated himself for sitting so frozen. He could almost visualize himself tiptoeing past something explosive. A big stupid-looking tiptoe, like in a cartoon. The whole last black week had been this way and it was wrong. He knew it was wrong, knew something was required of him that was not this terrible frozen care and caution, but he pretended to himself he did not know what it was that was required. He pretended it had no name. He pretended that not saying aloud what he knew to be right and true was for her sake, was for the sake of her needs and feelings. He also worked dock and routing at UPS, on top of school, but had traded to get the day off after they’d decided together. Two days before, he had awakened very early and tried to pray but could not. He was freezing more and more solid, he felt like, but he had not thought of his father or the blank frozenness of his father, even in church, which had once filled him with such pity. This was the truth. Lane Dean, Jr., felt sun on one arm as he pictured in his mind an image of himself on a train, waving mechanically to something that got smaller and smaller as the train pulled away. His father and his mother’s father had the same birthday, a Cancer. Sheri’s hair was colored an almost corn blond, very clean, the skin through her central part pink in the sunlight. They’d sat here long enough that only their right side was shaded now. He could look at her head, but not at her. Different parts of him felt unconnected to each other. She was smarter than him and they both knew it. It wasn’t just school—Lane Dean was in accounting and business and did all right; he was hanging in there. She was a year older, twenty, but it was also more—she had always seemed to Lane to be on good terms with her life in a way that age could not account for. His mother had put it that she knew what it is she wanted, which was nursing and not an easy program at Peoria Junior College, and plus she worked hostessing at the Embers and had bought her own car. She was serious in a way Lane liked. She had a cousin that died when she was thirteen, fourteen, that she’d loved and been close with. She only talked about it that once. He liked her smell and her downy arms and the way she exclaimed when something made her laugh. He had liked just being with her and talking to her. She was serious in her faith and values in a way that Lane had liked and now, sitting here with her on the table, found himself afraid of. This was an awful thing. He was starting to believe that he might not be serious in his faith. He might be somewhat of a hypocrite, like the Assyrians in Isaiah, which would be a far graver sin than the appointment—he had decided he believed this. He was desperate to be good people, to still be able to feel he was good. He rarely before now had thought of damnation and Hell—that part of it didn’t speak to his spirit—and in worship services he more just tuned himself out and tolerated Hell when it came up, the same way you tolerate the job you’ve got to have to save up for what it is you want. Her tennis shoes had little things doodled on them from sitting in her class lectures. She stayed looking down like that. Little notes or reading assignments in Bic in her neat round hand on the rubber elements around the sneaker’s rim. Lane A. Dean, looking now at her inclined head’s side’s barrettes in the shape of blue ladybugs. The appointment was for afternoon, but when the doorbell had rung so early and his mother’d called to him up the stairs, he had known, and a terrible kind of blankness had commenced falling through him.

He told her that he did not know what to do. That he knew if he was the salesman of it and forced it upon her that was awful and wrong. But he was trying to understand—they’d prayed on it and talked it through from every different angle. Lane said how sorry she knew he was, and that if he was wrong in believing they’d truly decided together when they decided to make the appointment she should please tell him, because he thought he knew how she must have felt as it got closer and closer and how she must be so scared, but that what he couldn’t tell was if it was more than that. He was totally still except for moving his mouth, it felt like. She did not reply. That if they needed to pray on it more and talk it through, then he was here, he was ready, he said. The appointment could get moved back; if she just said the word they could call and push it back to take more time to be sure in the decision. It was still so early in it—they both knew that, he said. This was true, that he felt this way, and yet he also knew he was also trying to say things that would get her to open up and say enough back that he could see her and read her heart and know what to say to get her to go through with it. He knew this without admitting to himself that this was what he wanted, for it would make him a hypocrite and liar. He knew, in some locked-up little part of him, why it was that he’d gone to no one to open up and seek their life counsel, not Pastor Steve or the prayer partners at campus ministries, not his UPS friends or the spiritual counselling available through his parents’ old church. But he did not know why Sheri herself had not gone to Pastor Steve—he could not read her heart. She was blank and hidden. He so fervently wished it never happened. He felt like he knew now why it was a true sin and not just a leftover rule from past society. He felt like he had been brought low by it and humbled and now did believe that the rules were there for a reason. That the rules were concerned with him personally, as an individual. He promised God he had learned his lesson. But what if that, too, was a hollow promise, from a hypocrite who repented only after, who promised submission but really only wanted a reprieve? He might not even know his own heart or be able to read and know himself. He kept thinking also of 1 Timothy and the hypocrite therein who disputeth over words. He felt a terrible inner resistance but could not feel what it was that it resisted. This was the truth. All the different angles and ways they had come at the decision together did not ever include it—the word—for had he once said it, avowed that he did love her, loved Sheri Fisher, then it all would have been transformed. It would not be a different stance or angle, but a difference in the very thing they were praying and deciding on together. Sometimes they had prayed together over the phone, in a kind of half code in case anybody accidentally picked up the extension. She continued to sit as if thinking, in the pose of thinking, like that one statue. They were right up next to each other on the table. He was looking over past her at the tree in the water. But he could not say he did: it was not true.

But neither did he ever open up and tell her straight out he did not love her. This might be his lie by omission. This might be the frozen resistance—were he to look right at her and tell her he didn’t, she would keep the appointment and go. He knew this. Something in him, though, some terrible weakness or lack of values, could not tell her. It felt like a muscle he did not have. He didn’t know why; he just could not do it, or even pray to do it. She believed he was good, serious in his values. Part of him seemed willing to more or less just about lie to someone with that kind of faith and trust, and what did that make him? How could such a type of individual even pray? What it really felt like was a taste of the reality of what might be meant by Hell. Lane Dean had never believed in Hell as a lake of fire or a loving God consigning folks to a burning lake of fire—he knew in his heart this was not true. What he believed in was a living God of compassion and love and the possibility of a personal relationship with Jesus Christ through whom this love was enacted in human time. But sitting here beside this girl as unknown to him now as outer space, waiting for whatever she might say to unfreeze him, now he felt like he could see the edge or outline of what a real vision of Hell might be. It was of two great and terrible armies within himself, opposed and facing each other, silent. There would be battle but no victor. Or never a battle—the armies would stay like that, motionless, looking across at each other, and seeing therein something so different and alien from themselves that they could not understand, could not hear each other’s speech as even words or read anything from what their face looked like, frozen like that, opposed and uncomprehending, for all human time. Two-hearted, a hypocrite to yourself either way.

When he moved his head, a part of the lake further out flashed with sun—the water up close wasn’t black now, and you could see into the shallows and see that all the water was moving but gently, this way and that—and in this same way he besought to return to himself as Sheri moved her leg and started to turn beside him. He could see the man in the suit and gray hat standing motionless now at the lake’s rim, holding something under one arm and looking across at the opposite side where a row of little forms on camp chairs sat in a way that meant they had lines in the water for crappie—which mostly only your blacks from the East Side ever did—and the little white shape at the row’s end a Styrofoam creel. In his moment or time at the lake now just to come, Lane Dean first felt he could take this all in whole: everything seemed distinctly lit, for the circle of the pin oak’s shade had rotated off all the way, and they sat now in sun with their shadow a two-headed thing in the grass before them. He was looking or gazing again at where the downed tree’s branches seemed to all bend so sharply just under the shallows’ surface when he was given to know that through all this frozen silence he’d despised he had, in truth, been praying, or some little part of his heart he could not hear had, for he was answered now with a type of vision, what he would later call within his own mind a vision or moment of grace. He was not a hypocrite, just broken and split off like all men. Later on, he believed that what happened was he’d had a moment of almost seeing them both as Jesus saw them—as blind but groping, wanting to please God despite their inborn fallen nature. For in that same given moment he saw, quick as light, into Sheri’s heart, and was made to know what would occur here as she finished turning to him and the man in the hat watched the fishing and the downed elm shed cells into the water. This down-to-earth girl that smelled good and wanted to be a nurse would take and hold one of his hands in both of hers to unfreeze him and make him look at her, and she would say that she cannot do it. That she is sorry she did not know this sooner, that she hadn’t meant to lie—she agreed because she’d wanted to believe that she could, but she cannot. That she will carry this and have it; she has to. With her gaze clear and steady. That all night last night she prayed and searched inside herself and decided this is what love commands of her. That Lane should please please sweetie let her finish. That listen—this is her own decision and obliges him to nothing. That she knows he does not love her, not that way, has known it all this time, and that it’s all right. That it is as it is and it’s all right. She will carry this, and have it, and love it and make no claim on Lane except his good wishes and respecting what she has to do. That she releases him, all claim, and hopes he finishes up at P.J.C. and does so good in his life and has all joy and good things. Her voice will be clear and steady, and she will be lying, for Lane has been given to read her heart. To see through her. One of the opposite side’s blacks raises his arm in what may be greeting, or waving off a bee. There is a mower cutting grass someplace off behind them. It will be a terrible, last-ditch gamble born out of the desperation in Sheri Fisher’s soul, the knowledge that she can neither do this thing today nor carry a child alone and shame her family. Her values blocked the way either way, Lane could see, and she has no other options or choice—this lie is not a sin. Galatians 4:16, Have I then become your enemy? She is gambling that he is good. There on the table, neither frozen nor yet moving, Lane Dean, Jr., sees all this, and is moved with pity, and also with something more, something without any name he knows, that is given to him in the form of a question that never once in all the long week’s thinking and division had even so much as occurred—why is he so sure he doesn’t love her? Why is one kind of love any different? What if he has no earthly idea what love is? What would even Jesus do? For it was just now he felt her two small strong soft hands on his, to turn him. What if he was just afraid, if the truth was no more than this, and if what to pray for was not even love but simple courage, to meet both her eyes as she says it and trust his heart?

February 5, 2007 - The New Yorker

Photograph: MARJAANA KELLA, “GIRL IN A PINK CARDIGAN” (1997)/VAN ZOETENDAAL COLLECTIONS, AMSTERDAM

13 septembre 2008

Against the (next) Day ?


La nouvelle est tombée hier mais on entend la déflagration qu'aujourd'hui (ceci devrait rappeler quelque chose à certains aficionados happy few pointés du doigt dans un certain papier signé d'un adepte de Maryline - si on a bien tout saisi) Penguin Press annonce(rait) la parution du prochain Thomas Pynchon pour aout 2009. On ne demande qu'à y croire. So : We Await Silencioso Thomas Encore (eh ! C'est le week-end, on a le droit d'être fatigué) La suite sous (presque) peu.

10 septembre 2008

FFC les archives g@rpiennes#2 : Madman Bovary, Claro

Continuons notre exploration des archives g@rpiennes du Fric-Frac Club, pour répondre une bonne fois pour toutes aux FAQ évoquées ici.
Aujourd'hui...
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4 mars 2008

Madman Bovary : le journal d'un fou

Cela étant dit, qu’est-ce que Madman Bovary ? Un journal de lecture ? un livre d’amour ? sur le désir ? à scander, hurler, partager ?

L’école des fans a gagné, aucun n’a tort, mais pas un n’a raison (je vais me faire des amis…) Il m’est d’autant plus facile de l’affirmer que j’arrive après la bataille. Armé de trois lectures successives et dans la foulée [sic] – c’est dire si ma tête palpite, mes yeux bourdonnent, mon cœur simple sample, si je bovaryse/débovaryse en rythme obsessionnel. Cela étant dit, est-ce provisoire ? Certainement pas.

Petit rappel défait.

Tout comme ses prédécesseurs, le Claro nouveau crucifie dans sa ligne de mire la même cible : le lecteur. Pas un, mais le. Que Claro traduise ou écrive (ou inclusif), il ne change nullement son fusil d’épaule, encore moins de munitions. Ce sniper fou qui tend enfin à sortir de l’ombre – on a failli attendre – prend à revers celui qui le découvre, pour ne plus le lâcher, à son corps défendant. Si j’osais : Claro, c’est de la balle ! Oui, mais de la balle dum-dum, de la balle traçante, perforatrice, à ailettes, ce que vous voulez, de la superballe qui zébulonne et marsupilamise, vous tricote les neurones en scoubidou, vous saisissez ? Pourquoi ? Parce que – c’est lui qui le dit – il lui plairait de voir l’effet physique produit par les mots, la langue, sur le lecteur. Sa cible.

Cela étant dit, quels sont les prédécesseurs ?

D’épais volumes traduits (Gass, Vollmann, Pynchon – pour ne citer que les plus récents et à venir) qu’on ascensionne par la face Nord pour, une fois parvenu au sommet, regretter de l’avoir atteint – quand c’est bon, c’est toujours trop court – et de fines lames aiguisées à souhait (Chair électrique, Bunker Anatomie, Black Box Beatles et vers la grâce) dont la brûlure marque d’autant plus celui qui s’y frotte qu’elle est insidieuse. Autant dire que Claro est une armée à lui seul : artillerie lourde et arme de poing, pavé et cocktail molotov.

Cela étant dit, que de violence dans mon propos !

Justement.

L’amour, le désir, scander, hurler, la passion, l’ivresse, Flaubert, Emma, l’arsenic, Estée, les mots, la langue – on croise même Artaud : violence. Pour la bonne cause, et rien d’autre. Pour secouer les cocotiers abritant le hamac dans lequel roupille et ronronne et s’autofictionne et s’autocongratule notre belle langue françouêze qui, partant, s’enferme, s’endort, se perd, se pantouflarde, se nombrilise, son passé de « belles lettres » claquant mollement au vent.

Avec Madman Bovary, c’est précisément cet étendard sanglant – car il l’est – du passé que Claro chipe en gamin malicieux tirant et tordant la langue pour mieux l’élever. Un passé non pas dépassé, mais bel et bien…innovant. Un passé présent dans lequel on oublie trop souvent de s’immerger. Claro est tombé dans la marmite bovaryque étant petit, en a bu chaque goutte, l’a roulée en bouche. Et c’est en digne sommelier qu’aujourd’hui il crache.

Cela étant dit, que raconte Madman Bovary ?

Ah oui : l’histoire

Largué par Estée (encore que… on y reviendra) un quidam anonyme mais qu’il est (trop) aisé d’imaginer quasi autobiographique plonge dans une énième (re)lecture de Madame Bovary – comme il arrive (arrivait ?) à certains amants éconduits de se jeter dans la Seine – cherche à s’y noyer tout autant qu’à couler S.T.

Ce qui se produit alors est inéluctable : Bovary investit autant celui qui en devient Madman que ce dernier phagocyte Madame, découvre, redécouvre, aime, pervertit Emma et Flaubert au rythme ondulatoire/copulatoire de chapitres tout en montées et descentes : Passion, Ivresse, Félicité… Il s’agit donc bien d’un livre d’amour, d’un roman sur le désir (Pedro et Antonio : ten points !)

Pourtant, à bien y regarder, c’est de lecture dont il est question « ici-là » – espace temps superbement analysé par Pedro – : journal de lecture, donc (Fausto : ten points !). D’amour d’un livre, d’un auteur, de désir de lire, et comme il s’agit de Flaubert dont on ignore rien du gueuloir, un livre à scander, hurler (Lazare : ten points, ce qui met tout le monde à égalité, cf supra.) En ce sens, la langue de Claro rend davantage hommage à G.F qu’elle ne le parodie ou le pastiche, démontrant furieusement combien Flaubert innovait et reste de ce fait actuel. Comme quoi « classique » ne signifie pas « dépassé », qu’on retienne la leçon !

Cela étant dit, au même titre que « vers la grâce » n’était pas tant un précis de traduction qu’un précieux journal de l’écriture, Madman Bovary n’est-il pas le journal de la lecture, du rapport amoureux au texte ?

Rapport fragile :

Poisson hameçonné, donc, mais pas encore arraché à la flaque bavarde, je sais combien ma lecture est fragile. Les mots n’ont pas encore trouvé leurs racines, le phrasé demeure branlant comme une dent sous le clavier, je dois fermer des yeux que je serais incapable d’écarquiller pour mieux voir les limites de l’écran qu’interpose la lecture.

Si je passe d’un groupe de lettres à l’autre sans volonté de ricochet, si j’enjambe des relatives ou piétine des incises, je sais ce qui se passera. Le crabe du regret refermera ses pinces sur mes couilles et adieu ivresse.

Incroyable :

Ce n’est pas un hasard. Il existe bel et bien des formules magiques, de curieux saucissons syllabiques que l’esprit débite sans même y penser. La faim s’invente à mesure.

Gratifiant :

Au début, les lignes restent empilées les unes au-dessus des autres, puis des rigoles apparaissent, des fêlures blanches qui redonnent peu à peu un semblant de vie au rectangle noir. Enfin secs, mes yeux reconnaissent l’aberrante géographie de l’alphabet et il m ‘est donné de lire une phrase (…)

Permanent :

Acquérir de la vitesse, tout est là. Laisser le vent familier du roman vous caresser les mèches, tandis que vos yeux bovins laissent filer l’indolente loco. Tout un art. Méthode, donc.

Passionné :

Et voilà que la simple conscience de ce point-virgule arrivant après ce « rasseoir » auquel j’aspirais de toutes mes faiblesses, voilà que ce point-virgule, ce point-là sur cette virgule-là, cette tête-ci sur ce corps-ci qui se courbe pour mieux tomber, voilà que ma dernière volonté m’hameçonne et me tire hors de l’eau d’oubli.

Je connais la suite. Comme si je l’avais déglutie et digérée, recrachée, cachée, puis oubliée. Le Proviseur va s’adresser à Monsieur Roger, à demi-voix – pas en murmurant, ou en baissant le ton, ou en détachant les syllabes, non : à demi-voix – et lui présenter l’élève qu’il vient d’introduire dans la salle de classe, mais aussi dans le Livre, mais aussi : dans ma tête.

On s’aperçoit là que Fausto ne dit pas autre chose, sauf que s’il s’agit dans le cas précis de Madman Bovary de la relecture – sans réécriture ; sinon fragmentaire, en acte d’amour – d’un texte d’exception, rien n’empêche de généraliser la règle, de l’étendre à toute lecture. La suite dépend bien entendu de l’auteur…et du lecteur. De la capacité…d’abandon de ce dernier.

Cela étant dit, revenons à qui abandonne qui.

Y’a-t-il rupture d’Estée, ou la dissolution du Madman dans la lecture, le Livre, le conduit-elle à ignorer S.T qui alors se lamente :

Quand tu es comme ça, on ne te voit plus.

C’est à se demander si tu es là.

Cela étant dit, une fois l’ultime mot englouti :

Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva, comme surpris dans son travail.

Ceux qui ne dormaient pas, ceux-là, qu’ont-ils fait ?

Ils se sont appropriés le texte et n’ont jamais cessé de lire.



Question subsidiaire :

Cela étant dit, qui est donc Estée ? Le participe flaubertien du verbe être, féminisé ?

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Madman Bovary - claro - Verticales

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Bien entendu#2, les commentaires éventuels, consécutifs à ce 1er papier tapé en tremblotant, sont restés là-bas.

La suite sous peu.

8 septembre 2008

FFC : les archives g@rpiennes#1

FAQ : mais où c'est, ce que t'as posté dans le Fric-Frac Club ?
Or, on a beau expliquer que :
- c'est dedans
- peu importe puisque le FFC est un club
- donc coopératif
FAQ again : d'accord, mais c'est où, tes trucs à toi ?
Alors on va récapituler ici.
Précision : le tout 1er... truc ci-dessous, résultait d'une longue et douloureuse période de trac, au moins égale à celle que subit actuellement un certain voisin pourpre et mygalesque.
Précision#2 : les commentaires éventuels sont bien entendus sur le Fric-Frac Club (suivez les liens !)
Précision#3 : aucune modification/révision n'a été apportée au texte qui va suivre. Tout est AOC (Authentic Online Couillonnade).

Back to [FFC - Février 2008.]
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Mine de rien


Mains sur le clavier, lunettes sur le nez collé à l’écran, courbé en pianiste déconcerté face à sa partition soudain vierge – any croche ? – la panique le gagne. Son garde fou l’a lâché, ne lui laissant que des lignes de rien, des lignes de fuite. Ce n’est donc pas un accord qu’il va plaquer mais tout, puisque rien ne vient alors qu’ils sont venus, ils sont tous là : on connait la suite. Mamma mia !
La salle du Fric-Frac Club est comble, le nuage de 86,5% de tabac, 5,5% de papier et 8% (ce n’est pas rien) d’agents de saveur et de texture ne trompe pas.
La fumée tue ? Pas assez vite à son goût. C’est à lui de jouer, à son tour d’endosser le costume griffé FFC : ils attendent. Même sans filet il ne peut, ne doit se défiler.
Mais le bloggeur bloque, se grippe, les tripes en macramé. Le trac. Il patine sur la scène du club, s’accroche, se cramponne et perd ses verres- circulez, y’a rien à voir. Tel est précisément le hic, maintenant.
Rien à voir car rien à dire qui ne l’ait déjà été, ce qui, clairement, se conçoit. C’est d’ailleurs pour cela que les mots sont aisément arrivés…chez les autres ; il faut bien le dire.
En proie à l’effrayant sentiment de prendre en marche un train dont il peine à raccrocher les wagons, le bloggeur bloqué ne se leurre pas. Les autres sont bien meilleurs lecteurs, plus fins, plus profonds. Lui n’est que petit joueur tout juste, à peine capable de décoller d’un texte : il ne sait que citer, en aveugle. Copier/coller. À croire que son clavier ne comporte que trois touches…
De l’importance du trois…
Souvenir.
Sourire, puis soupir de n’avoir rien à dire d’avoir si peu, si mal lu.
« Quand tu es comme ça, on ne te voit plus. »
Estée n’a pas tort, ça le tue.
Si seulement il pouvait être Madman – « attention, je charge » - quelle ivresse !
Hélas, en cet instant qui le tanne, le somme, l’assomme, il n’est qu’embryon de Tyler à la recherche de la Reine des putes : l’Ins. Pi. Ra. Tion.
« Ça ne vole pas haut, man ! »
Estée a encore raison… Que n’est-il Estée.
Nez en l’air, par-delà l’écran vide de texte à traiter, il réfléchit.
Réfléchir…
Ne pas se contenter d’être miroir… L’envers c’est les autres, mais comment le hisser ?
Il n’a rien à renvoyer…
Hormis la trouille.
La peur du vide.
De son vide.
Vacuum même pas foutu d’être cleaner.
Et s’il leur servait du réchauffé ? De la coïncidence ? Après tout, c’est bien ce qu’il a appris à mitonner pendant ses années de coquille, non ? Même si :

« le hasard c’était quoi ? une façon particulière d’interpréter les signes, n’importe quels signes, une fois que vous aviez décidé de voir des signes partout »[1]

Alea jacta. Assez jacté, Estée, il charge :

« J’ai lu L’Arc-en-ciel de la Gravité au moment de sa sortie, en 1973, et je dois reconnaître que ce genre de fatrasie para-joycienne peut produire son effet. Contrairement à Pynchon toutefois, je me situe sur le terrain de l’imagination pure, et mes romans n’offrent en rien une quelconque « radiographie sauvage et déjantée » de l’Amérique post-postmoderne. »[2]

Tiens donc ?

« Starover Blue »[3]

Tiens tiens donc…

« Oui ! Il suffisait que je puisse trouver dans la vie
Quelque lien dédalien, une sorte
De structure concordante à l’intérieur du jeu,
Un art plexiforme, et quelque chose du même
Plaisir que ceux qui jouaient y trouvaient. »[4]

Tiens tiens, donc donc…

« Le président Nabokov a été enlevé »[5]

Donc donc donc : Feu Pâle…
Stop.
Ses quelques lignes à l’écran : si peu d’idées, id est témoins à charge de sa vacuité.
Reprendre.
À zéro.
Voyons voyons voyons…
La salle du Fric-Frac Club ne bronche pas, ses pairs ne sont pas sévères – il a malgré tout le tractrouille aux trousses.
Alors, il se souvient :
« for Nic[6] »
Il tape :
« à Necdote »
Rien d’autre qu’un copypastaltéré – il ne peut plus que le moins que rien. Tant pis, il tape :
« 14 février 2008 – TGV – Tourmaline – Joanna Scott – Lot49, posé sur la tablette qui me fait face. Mon voisin se penche et me dit, avec un accent italien aussi fort que sa corpulence :
— Tourmaline ? Vous savez que la tourmaline est ma pierre porte bonheur ? Elle me protège. Toujours.
Je ne parviens à bafouiller qu’un maladroit :
— Ça alors. Sacrée coïncidence[7]. »

Et voilà.
Voilà quoi ? Telle et la question qui bat de l’aile au-dessus des têtes du public coi du club.
Entre l’avant et l’après de ses mots, aucun sens. Il a craché un papier lamentable, s’y est crashé tel le Madman démocratique du roman, dans le seul des chapitres 49 à ne pas exister.
Alors, sans un mot, il s’efface, se rencoquille.
« À quoi bon si c’est pour en arriver là. »
Tais-toi, Estée.

[1] Dreamericana – Fabrice Colin – p. 101
[2] Ibid. – p 45
[3] Ibid. – p. 144
[4] Ibid. – p. 176
[5] Ibid. – p. 179
[6] Madman Bovary – Claro
[7] Authentique

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On espère que cela atténuera quelques unes des FAQ.

La suite sous peu.

4 septembre 2008

Ouverture de la chasse à Contre-jour



Aujourd'hui, 4 septembre : sortie de : Contre-jour, de Thomas Pynchon.
Aujourd'hui, réception d'un mail consternant suite à un petit test lancé en juin dernier dans le plus grand secret. Vous allez comprendre.

Les chasseurs amazoniens ont été les premiers à ouvrir le feu. Le hic : ils rateraient un éléphant dans un couloir. La preuve.
''jeudi 4 septembre 2008 04:07
Cher internaute,

Nous essayons toujours de nous procurer un exemplaire de [Item], que vous avez commandé le 28 juin 2008
Pynchon Thomas (Auteur) "Contre-Jour"
Il s'avère assez difficile de se procurer cet article."

Sans blague !

On a donc entrepris une petite traversée du Web, ce matin, à la recherche d'un Contre-jour ''difficile à se procurer''.
On y trouve tout...et son contraire.

Fnac : livraison prévue à partir du 15 septembre (à pied, sans se presser, d'ici là, on aura au moins fait toutes les librairies de la ville)

Decitre : paru (tout de même !)

Cultura : paru le 3 septembre (chapeau !) mais...le titre est ''Face au jour'' (s'agirait-il d'un collector ?) La couv affichée trahit un simple défaut de mise à jour. Il s'agit bien de ''Contre-jour'' (pas de bol !)

Bon.
On a compris.
Pas la peine d'aller plus loin.
Traversons le Webb (à l'attention d'Anonyme : ceci est un jeu de mots !) et fonçons chez les libraires.
On l'a déjà dit : ils sont irremplacables.

Bonne chasse !

La suite sous peu.

1 septembre 2008

Pourquoi LA BRUYANTISSIME est en retard pour sa rentrée

Nombreux sont ceux à s'interroger (ou pas) quant au retard de Lazare le jour de sa rentrée supposée sur LA BRUYANTISSIME.
Notre reporter, après enquête, bakchichekébab, pot de vin et deux sous de table, est en mesure de révéler la vérité réellement authentique au sujet de cette absence remarquée.
Non, il n'y a pas de trou noir dans la toile.
Non, il n'y a pas eu coma génépique du susdit.
Mais un évènement MAJEUR a eu lieu ces jours derniers.
Le premier meeting des Chums of the Club (alias : Fric-frac Club members)
A Paris.
On ne s'avancera pas trop en annonçant qu'il s'agit là de l'évènement le plus important depuis que Bartleby a ouvert les yeux et s'est rasé la moustache.
Au péril de sa vie, notre reporter a réussi à immortaliser la scène :

Une absence, cependant : celle de l'esc@rgot (décellée après passage du cliché aux rayons X).
Toutefois, selon des sources proches du milieu, il aurait été avantageusement remplacé (à la coquille levée) par un certain Manu Hante (le plus en fantôme sur la photo, dans la baignoire).

Davantage d'informations sur cet évènement par les intéressés eux-mêmes sous peu (on l'espère en trépignant).

La suite sous peu.