Fou !



La suite sous peu.
(espécialement dédicated to Antonio)

FFC les archives g@rpiennes#6 : Noir - Robert Coover

One more time [...] FAQ[...] Fric-Frac Club[...] le papier qui a pété la mise en page du FFC [niark niark niark ! Le peuple des g@stéropodes vaincra !]
Juin 2008
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Noir - projection [Privé]

par g@rp

Générique :

Un film de Robert Coover

Noir

Avec pour la première fois à l’écran :

Phil M. Noir : un privé privé de flair

Blanche : secrétaire sceptique, blonde, pleine de bon sens et adepte du mercurochrome

Blue : ne reculant devant aucun moyen pour coffrer Noir

Flame : chanteuse rousse torride à la voix rauque, amoureuse de Noir

Et de nombreux seconds rôles, hauts en…couleurs.

Scenario de Robert Coover

Image : Davantage que les poncifs évoqués sur la quatrième de couverture, il serait plus juste, ou moins faux, d’affirmer que Noir accumule les clichés. En noir et blanc, à l’égal des films cultes du genre

« Le genre de film qui passe tous les soirs dans toute la ville. Le film dans lequel tu te trouves. À poursuivre des ombres. » (p.130)

parsemés de réverbères à l’écart desquels, dans l’ombre, grouille et se meut tout une faune d’âmes sombres. Même ce qui est supposé flamboyer – Flame, la rousse, par exemple – ne le fait pas (il y a une bonne raison à cela). Jusqu’à l’humour qui se teinte de noir (pour preuve la correspondance tatouée sur le corps d’une femme que deux gangsters se renvoient jusqu’à la transformer en œuvre d’art). Roman noir, polar cinématographique, Noir s’avère particulièrement visuel : une de ces séries B des années cinquante dont on ne serait pas surpris que l’image tressaute – en ce sens le découpage du récit, le montage, y contribue amplement, on y reviendra – on pense également au Spirit de Will Eisner.


Montage : Chaotique. À l’image d’un Noir qui titube à force d’être matraqué autant qu’à cause de l’alcool qu’il ingurgite comme du petit lait (c’est, au Star Diner, le cas de le dire) qu’en raison des flash-back et de la ville en elle-même.
Décors : Mouvante, toujours différente, son plan ne semblant obéir à d’autre logique que celle visant à égarer ceux qui y évoluent, la ville, sombre, humide, poisseuse, n’est que ténèbres.


Ce qui se passe en pleine lumière, au soleil, devenant, par contraste, irréel.

« (…) le soleil faisait son étrange truc de flamboiement, avec des tables de café installées sur le trottoir comme dans un documentaire touristique pour la promotion de stations estivales sur une île. » (p.180)

Bande son : « Tu » raconte. Tu : deuxième personne du singulier. Oui mais voilà : qui parle à qui ? Curieux et obsédant dédoublement qui s’opère : le lecteur parle-t-il à Noir, lui raconte-t-il son histoire, comme si ce dernier avait perdu la mémoire, ses repères – ce qui n’est pas loin d’être le cas puisque, en digne privé, beaucoup de choses lui échappent – ou la petite voix qui parle dans la tête du lecteur s’adresse-t-elle au lecteur, qui devient alors Noir ? Le « Je », quant à lui, n’est utilisé que lorsqu’un personnage prend la parole pour s’adresser au « Tu »…qui devient « vous », mais un « vous » sous-entendu. Sauf lorsque Noir s’adresse à la ville.

« On n’échappe pas à la mélodie, mon gars, mais on peut se l’approprier. » (p.202)

On se demande alors si le You de la VO n’aurait pas été utilisé pour sa seule duplicité : tutoiement ou vouvoiement ? Dans sa traduction, Bernard Hoepffner a opté pour le singulier : on ne peut que l’en féliciter. Choisir un pluriel n’aurait pas produit ce ton si particulier. Cette voix si…singulière.

Trame : De dédoublement, il est beaucoup question dans Noir : non seulement aucun des personnages ne parait être ce qu’il est – duplicité classique de ce genre de littérature ou de film. Personne n’est vraiment blanc bleu (sic).

« J’avais l’impression d’être un personnage dans deux histoires différentes en même temps, comme si les frères jumeaux m’avaient aussi divisée en deux, j’organisais le piège dans une vie, le déclenchais dans l’autre, j’étais désarmée dans les deux. »(p.79)

« Le problème des trames. Quand on est pris dedans, on ne voit pas plus loin que le nœud suivant. C’est comme si on était piégé dans deux dimensions, incapable de toute vision d’ensemble. Pas vraiment possible depuis ici, mais peut-être pourrais-tu en avoir un aperçu depuis les bas-fonds. » (p.153)

Le dédoublement, la duplicité, atteint son paroxysme dans la scène finale, au cours de laquelle intervient tout un jeu de miroir ; une scène quasi labyrinthique qui voit Noir exposer chacun des possibles qu’il n’avait pas déduit et qui de toutes façons ne sont pas les bons, de même que la duplicité, ici dévoilée, rend les choses encore plus obscures : on n’en sort pas.

Épilogue : Effectivement, on n’en sort pas, on ne veut pas en sortir, lâcher la proie pour l’ombre – Noir se dévore autant qu’il dévore, refuse de se laisser abandonner ne serait-ce que quelques minutes : ce « Tu » obsède, puisqu’après tout c’est vous qui racontez l’histoire.

Fin de projection : Lorsqu’à regret on tourne la dernière page, que l’écran redevient blanc et que les lumières de la salle se rallument, on cligne des yeux, ébloui. On conservera longtemps la trace – noire, comme il se doit – de ce polar si singulier dans lequel on n’est pas loin d’avoir tenu le premier rôle.

Celui de « spectacteur ».




De par la galaxie Fric-Frac,
Chez Fausto, The origin of the brunists, Le bûcher de Times Square, Une éducation en Illinois, « The Universal Baseball Association, Inc. »
Chez C., Le bûcher de Times Square, et sur Noir
Chez Lazare, Le bûcher de Times Square
Chez otarie, Pricksongs & Descants
Chez Pedro, Noir
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As usual [...] commentaires [...] là-bas.

La suite sous peu.

26 octobre 2008

Anti blues



Merci à Alain Galindo de m'avoir passé ça.

La suite sous peu.

19 octobre 2008

Métro convention : la littérature passe

On connaissait l'expression "passeur de littérature".
En voici une autre illustration.
Par un mec bien.
Emmanuel Bourdaud.
Je cite :

Bonjour,

Si la page ILV s'est tournée pour moi, et sans regrets, il y a quelqu'un que j'aimerais vous présenter ici.

Dominique G est SDF, et fait la manche à côté du métro convention, à Paris. Je lui ai proposé de publier ses poèmes sur ILV. Peut-être que des lecteurs de passage pourrons lui donner un coup de main.

Je diffuserai ses textes à raison d'un par semaine.

Bien entendu, je lui ai créé un compte spécifique, qui apparaîtra, forcément, avec la même IP que le mien.

Je lui transmettrai tous vos commentaires, encouragements, etc.

Merci pour lui !

Emmanuel

URL de son profil : http://www.inlibroveritas.net/auteur8796.html

Le premier texte est en ligne : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre20114.html


Chacun fera ce qu'il lui plait.
Mais les mots écrits dans les marges méritent qu'on leur consacre un peu de temps.
Au moins ça.
(si vous ne souhaitez pas vous inscrire sur ILV pour commenter Dominique G. rien ne vous empêche de le faire ici, je transmettrai à Manu, qui transmettra - avec le sourire, soyez-en sûr)

La suite sous peu.

16 octobre 2008

* bump * Des Ko de papier ?

Monde à l'envers ?
Demain sort en kiosque Vendredi.
Rien à voir avec Robinson.
Mais - accrochez-vous aux branches : le meilleur du net sur papier.
8 pages.
1€50.
220.000 exemplaires.
Rédachef : Philippe Cohen, ancien rédacteur en chef de Marianne.
Mouais.
A conseiller à ceux qui ne savent pas que la toile existe ? (il y en a ?)
Ou aux fainéants ?
Encore du pré mâché, pré digéré ?
Ou alors du copy/paste ? (j'aurais dû réellement créer la g@rp's copy paste Inc - j'ai loupé le coche, sur ce coup-là)

La suite sous peu.

12 octobre 2008

Against the (next) Day ? #2


On en sait davantage sur le prochain Thomas Pynchon, annoncé pour aout 2009.
Entre autres :
The rep told me it's around 400 pages, and is a kind of noir detective story set in the 1960s, with lots of psychedelia as background. How groovy is that!


On trouve ça par ici.
Par là aussi.

Wait and see...(quand même)

La suite sous peu.

4 octobre 2008

FFC les archives g@rpiennes#5 : Stone Junction - Jim Dodge

On continue, toujours pour répondre au FAQ.
Du côté du Fric-Frac Club, l'esc@rgot, en mai, n'a rien fait.
Donc : back to juin 2008.
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Stone Junction : équilibre alchimiquement instable

Pourquoi, mais pourquoi suis-je incapable de pondre un papier qui tienne la route sur le Stone Junction de Jim Dodge ?

Faisons le point.

  • Les coquilles signalées dans une autre coquille n’y sont pour rien – que le premier qui n’a jamais encoquillé son texte à ses doigts (et ses yeux) défendant me jette la première stone (sic).
  • La préface de Thomas Pynchon n’est pas en cause : même si on s’attend invariablement à découvrir un autre Pynchon, ce n’est pas (tout à fait) le cas. D’ailleurs, on la comprend mieux au regard des points communs que présentent les deux romanciers.
    • Biographiques : Dodge publie aussi peu que Pynchon. Trois romans à ce jour, si l’on considère la centaine de pages de L’oiseau Canadèche (surprenante traduction du titre original Fup) en tant que roman alors qu’il s’apparente davantage à un conte. À propos, on pourra signaler la réapparition dans Stone Junction de l’indien Johnny Sept-Lunes, personnage déjà présent dans cet « oiseau Canadèche », premier roman de Dodge.


    • Thématiques :
      • la quête, et uniquement la quête ;
      • Les hors-la-loi, ne négligeant pas le recours aux bombes ;
      • La paranoïa ; l’informatique ; les codes et leur décryptage ;
      • Mais surtout surtout : l’imagination. Davantage que la recherche de l’assassin de sa mère, que son parcours initiatique au sein d’une curieuse organisation secrète, l’AMO (qui n’est pas sans rappeler WASTE dans Vente à la criée du Lot 49 – quoique de loin), la pierre philosophale de ce que Dodge appelle lui-même cette « oeuvrette alchimique », représentée par un diamant au cœur duquel brille une flamme spiraloidale, révèlera le « héros » à l’imagination. À lui-même. On se surprend alors à se demander si ce que tout au long des 500 pages on prend pour la réalité, n’est pas en fait le fruit de…l’imagination. Une réalité pas si éloignée que ça de l’absurde, au demeurant. Ainsi, une main gravement brûlée par de l’argent en fusion, une fois ôté le gant qui la masquait, devient-elle quasiment psyco-patte et parle à son…propriétaire. On tue un témoin gênant, un traitre, en lui administrant un placebo le mettant face à lui-même : le choc de cette révélation lui sera fatal.
  • On préviendra tout de suite le lecteur que son attention risque sérieusement de déraper lors du long passage sur l’initiation de Daniel au poker, dont les parties et leurs subtilités échappent au non pratiquant.

Il faut dire que Dodge est ou fut joueur, si l’on se fie à sa bio. Si l’on compare à Pynchon, là où ce dernier joue des maths comme d’une "petite musique de nuit" dans Contre-jour, Dodge sort la grosse artillerie et tartine des pages et des pages de sa passion personnelle, même si elle peut paraître structurellement liée au récit. On passe rapidement sur l'apprentissage – héros surdoué, quand même – et on vous raconte par le menu des tonnes de parties, les différents tics et tocs des joueurs, les mises, les stratégies auxquelles on ne comprend rien, etc etc. Et là, contrairement aux autres initiations de Daniel, l’élève ne supplante pas le maître – comprendre : il ne remporte pas autant de dollars que lui – mais ne reprend cependant pas la route une main devant, une main derrière... Bien entendu, on peut opposer que le poker enseigne l’art du bluff, de la dissimulation. Dissimulation dont il sera d’ailleurs question plus loin dans le récit, Daniel devenant élève prestidigitateur jusqu’à maîtriser au plus haut point l’art de la disparition. Il n’empêche que ces interminables parties de cartes cassent le rythme. Dommage.
  • La construction du récit : découpé en autant de parties que d’éléments alchimiques, incluant des chapitres scandés au rythme déjanté d’un DJ de radio FM, membre (voix) lui aussi de l’organisation secrète, de transcriptions de conversations téléphoniques, puis, dans la dernière partie, du journal d’une jeune femme internée, ayant manifestement de sérieux problèmes de mémoire, à moins qu’il ne s’agisse d’une sacrée imagination, puisqu’elle est mère d’une fille…qui n’existe pas. Tout en étant consciente de la non-existence de cette enfant.
  • Stone Junction se dévore, disons, aux deux tiers avec un sourire ravi – béat – benêt – alléché (rayer la mention inutile), un tiers beaucoup plus lentement, et un tiers de conclusion surprenante (ce qui fait quatre tiers, on l’aura remarqué : cette spécialité locale vous est offerte par l’esc@rgot marseillais – on va voir si vous avez des lettres, tiens !) le roman n’est donc pas du Pynchon, certes, malgré de nombreuses ressemblances, mais il n’en demeure pas moins alléchant à plus d’un titre. Mais chez Jim Dodge, pas de folie débridée galopante et surtout surtout absence de la phrase du « maître ». En revanche, Stone Junction pourrait constituer, pourquoi pas, un très honnête préalable à qui souhaiterait ensuite entrer en terre Pynchonienne.

Le point est fait. Alors pourquoi, pourquoi suis-je donc incapable de pondre un papier qui tienne la route ? Veuillez m’excuser, je crois que je vais rejoindre Pépé Jake, quatre-vingt-dix-neuf ans, avaler en sa compagnie une gorgée de Vieux Râle d‘Agonie qui rend immortel – ou presque – et contempler les trente mille couchers de soleil auxquels on a droit dans une vie, pendant que la cane Canadèche tombée du ciel poursuivra son incroyable croissance. Avant d’aller contempler la flamme présente au cœur du Diamant. Et, qui sait, de m’y noyer.

Imaginez un peu…



Merci à Pedro et Odot pour les encouragements et le coup de main.
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Pour changer, pas la peine d'aller espincher ce papier du côté de là-bas : il n'y a pas eu de commentaires.

(pratique, ces archives : ça permet de continuer à avancer en bavant dans Contre-jour de Pynchon et de montrer qu'on est toujours là)

La suite sous peu.