13 octobre 2007
Les neurones de la lecture [vu/à lire]
Tombé l'autre soir sur Stanislas Dehaene, interviewé, après Daniel Pennac [on passe], au sujet de la lecture.
Passionnant.
A lire donc :
Le chercheur Stanislas Dehaene a exploré la mécanique neuronale qui permet la lecture. Epoustouflant. Winston Churchill avait eu un mal fou à apprendre à lire. Car la lecture est un des apprentissages les plus difficiles qui soient. Et l'anglais, comme le chinois, le japonais et, à un moindre degré, le français, fait partie des langues les plus périlleuses pour le candidat lecteur. Depuis peu, les spécialistes des neurosciences ont observé ce qui se passe dans le cerveau quand on apprend à déchiffrer ces signes noirs sur la page blanche. Dans un livre passionnant, Stanislas Dehaene, le plus brillant de la nouvelle génération d'experts en sciences cognitives, décrit la tempête qui se déchaîne sous un crâne quand on tente de comprendre un texte. Et il en tire des conclusions pour la recherche neuronale, mais aussi pour l'école. Ce document va secouer les parents, les enseignants, les politiques et les intellectuels. Plus qu'un miracle, dit Dehaene, lire constitue une prouesse inouïe. Comment donner un sens à des signes géométriques tracés par l'homme en associant le travail des yeux et celui du cerveau? Les singes, nos plus proches cousins, ne lisent pas. Depuis des années, Dehaene et ses collègues décortiquent les réactions du système neuronal pendant cette action. Tout converge vers la région occipito-temporale gauche du cerveau, une zone que l'évolution n'avait pas prévue pour la lecture. Le temps, pour cela, a manqué. L'écriture a été inventée par les Sumériens dans la vallée de l'Euphrate, il y a de cela à peine huit mille ans. L'alphabet n'a été mis au point qu'environ deux mille ans plus tard. Le système permettant au chasseur-cueilleur de détecter les signes dans la nature a dû s'adapter pour déchiffrer. Une action baptisée «recyclage neuronal». L'auteur décrit l'association entre l'oeil, les aires de la reconnaissance visuelle et celles de la compréhension du texte. Il détaille la chaîne qui mène des lettres aux syllabes, à l'identification des préfixes et des suffixes puis à l'identification des racines. Il explique les deux voies de la lecture: phonologique, pour les sons; lexicale, pour le sens. Une surprise: quelles que soient la taille des lettres, la langue, la culture, le circuit est toujours le même. Aussi, les enfants peinent pendant longtemps pour remodeler une partie du cerveau de l'ancêtre du paléolithique. Pas étonnant puisque les scribes égyptiens ont mis des siècles à fignoler leurs hiéroglyphes. Les Phéniciens et les Grecs à peu près autant pour aboutir à cette invention de génie, nos vingt-six lettres.
Françoise Monier Lire, septembre 2007
La suite sous peu
Bon alors ça c'est pas cool G@rp...tu sais très bien qu'en ce moment je n'ai pas le temps de me plonger dans ce genre d'ouvrages formidables...ce qui ne m'empêchera pas de me le procurer dans un avenir proche...
RépondreSupprimerMerci pour cette lumière..