Lu sur Culture Café, en novembre dernier :
Et vous, vous faites quoi pour promouvoir votre roman ?
On ne pariera pas déjà sur les talents littéraires de Julien Blanc-Hras, mais nous devons au moins lui reconnaître une capacité certaine à promouvoir son travail. Le jeune romancier ne manque pas d’initiative afin d’annoncer la parution, le 10 janvier 2008, de son second roman, Comment devenir un Dieu vivant (sous-titré « Et vous, vous faites quoi pour la fin du monde ? »). Il publiait avant-hier sur DailyMotion deux teasers du livre, à la manière des films attendus. Et se plaçait ainsi de le sillage de ses collègues Thomas Clément et Alex D. Jestaire (pour n’en citer que deux). Eux aussi, avaient mis à contribution les plateformes gratuites sur Internet (blogs, MySpace et, donc, le célèbre site français de vidéos exportables) pour faire la pub de leurs ouvrages. Une démarche qui ne manque pas d’originalité, mais demeure néanmoins discutable en littérature, surtout venant des auteurs eux-mêmes, et non de leur éditeur.
Donc, en matière de promotion littéraire, la fin (faim ?) justifierait les moyens ? Serait-ce à dire qu’on mise sur le choc des photos-qui-bougent pour attirer le gogo sur (l’éventuel et relatif) poids des mots ? Du teaser appliqué au roman ? Après – ou plutôt avec – le simili litblog, voici-voilà le litClip ?
M’oui.
M’bof.
Tentons une petite expérience.
Prenons un roman – au hasard, « la mémoire du vautour » de Fabrice Colin.
[parenthèse : il serait peut-être temps de lire le enfin déniché Dreamericana]
Poussons plus loin le concept de litClip : le teaser avec des morceaux de texte à l’intérieur (de mon temps, on appelait ça des « extraits »).
Recette :
* sélectionner quelques phrases soulignées dans des pages cornées – ne soyons pas sectaires, les post-it fonctionnent itou, ou tout autre « marque ta page » comme dit minig@rp#3
* coller le tout dans un désordre ne négligeant pas les répétitions, façon monteur fou sur son ban.
* poster la mixture ainsi obtenue sur YouWrite ou DailyNovel (on ne manquera pas de noter qu’ici, on pourrait fort bien colmater une brèche, combler un vide : notre e-fortune serait-elle faite ? Investisseurs intéressés priés de s’inscrire sur Blogger préalablement à toute offre en Euro nantie de nombre de zéros)
* à défaut, l’esc@rgot g@rpien fait tout autant l’affaire (en attendant que le point précédent ne se concrétise…Pardon : concretease)
Voici donc, en avant première mondiale et en direct depuis mon salon :
[WORDS LOADING]
[PLAY]
La mémoire du vautour
Et Dieu contempla la solidité de ses fondations, et Dieu se dit à lui-même : « Perds-toi. »
La vérité, c’est que je ne sais pas où je vais. Je l’ai su à un moment, et puis l’horizon s’est volatilisé.
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
Le temps n’est pas un fleuve. Le temps est un serpent enragé prêt à tout pour se dévorer lui-même. C’est ainsi que l’univers finira : quand le début aura rattrapé la fin.
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
Il faut très peu de temps pour disparaître de la vie des gens. Trois ans en moyenne. Trois ans avant qu’ils ne passent réellement à autre chose. Mais ça peut être moins.
Beaucoup moins.
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
La mémoire du vautour
Fabrice Colin
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
La mort dessine une carte dont nous sommes l’unique point mouvant, jusqu’à ce que nous nous immobilisions et trouvions notre place, mais nous laissons des traces, c’est sûr. L’amour, les mots, la vie : notre passage n’est pas vain.
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
La mémoire du vautour
On ne peut pas perdre ce qu’on a oublié.
Fabrice Colin
C’est ainsi que l’univers finira : quand le début aura rattrapé la fin.
La mémoire du vautour
Fabrice Colin
Only chaos is real.
« Perds-toi. »
[STOP]
Alors ?
Ça le fait, ou pas ?
La suite sous peu.
Eh que dis-tu de "Brûler la paille" comme teaser de l'ensemble de ton oeuvre ? ;-)
RépondreSupprimerJ'en dis que...ça le fait !^^
RépondreSupprimerBien joué ! On dirait un poème de Baudelaire - Par exemple, "Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté" :-)
RépondreSupprimerN'empêche, quand on y pense, et même quand on y pense pas, d'ailleurs, heureusement que la pub pour les livres est interdite à la TV. Sinon, face à une avalanche d'images, de musiques et de slogans destinés à promouvoir ce que j'appellerais de la LGVC (Littérature à Grande Vitesse de Consommation) pour aller vite, je crois que je ne croirais plus en l'avenir de la littérature (le genre de croyance qui, je le concède volontiers, ne mène pas à grand-chose, mais quand même).
Quant à l'utilisation d'Internet pour promouvoir la littérature, oui : mais seulement par les petits zarticles à droite à gauche, le clavier à oeil (équivalent internautique du bouche à oreille) - et les blogs, cela va de soi !
Bref...