Entremont le 14 août 2008,
Ce matin, avant de plonger dans La partie des crimes, page 404(ça ne s'invente pas), j'ai longuement hésité. D'abord parce qu'il me semblait avoir corné une page hier, pour une phrase véritablement significative de 2666, du moins dans mon souvenir, une phrase que je n'ai pas retrouvée - peut-être n'a-t-elle existé qu'en rêve, ou pas. Hésitation non pas à lire mais quant à l'utilité d'une ou plutôt plusieurs cartes postales sur cette même partie tant tout me semblait en avoir été dit - et bien dit - du côté du Fric frac Club.
Puis : après tout, on verra bien ce que je pourrais avoir à en raconter ou pas, que ce soit digne d'intérêt ou non.
Puis : après tout, ces papiers estivaux ne valent-il pas davantage pour celui qui les écrit, comme il peut, au fur et à mesure de sa lecture, que pour celui - s'il existe - qui les lit ? Souvenir de vacances, en somme...
Alors : j'ai tourné la page.
Alors : début d'une longue apnée.
*
150 pages et un apéro plus tard, pouces en action sur ce clavier lilliputien, je régurgite ce que je viens de lire aujourd'hui du 2666 de Roberto Bolaño.
La partie des crimes débute en 1993 dans le Sonora, à Santa Teresa - pour ceux qui l'ignorent encore : fidèle transposition de Ciudad Juárez, à la frontière du Mexique et des États-Unis - ''même si, sûrement, en 1992, d'autres moururent.''
Et la liste est longue, la police semble plus préoccupée par le Pénitent démoniaque - quelques meurtres accidentels seulement, tandis qu'il profane des églises - et lorsqu'on lui demande de s'occuper d'une affaire plus urgente et plus importante, il ne s'agit pas des viols et meurtres des femmes de Santa Teresa... mais de simples vols. On repense alors à la démonstration de la partie précédente : seuls paraissent dignes d'intérêt les faibles nombres de victimes. Trop de morts habituent à la mort.
Ceux tentés de s'intéresser aux assassinats disparaissent, tués - une journaliste locale, ou quittent la ville en oubliant l'affaire. Comme si elle n'avait pas existé.
La seule voix à s'élever avec véhémence, lors d'une des plus longues scènes des 150 premières pages de cette partie, au moment où le lecteur ne supporte plus la quasi indifférence, est celle d'une voyante, en transe, lors d'une émission de télévision...dont la retransmission est mauvaise sur la ville de Santa Teresa.
Autre "voix" à s'élever, dans de longs passages : l'enquête menée, suite à une promesse, par le Sherif de Huntville, Arizona : Harry Magaña.
*
L'année 1995 vient de commencer, et la litanie macabre se poursuit. Jusqu'à quand ? Jusqu'où ?
Quand cessera le poids de ce que tous semblent considérer, en silence, comme une fatalité ?
Peut-être le saura-t-on dans les pages suivantes, ou pas.
À propos, je viens de remettre l'index sur cette fameuse phrase :
''Personne n'accorde d'attention à ces assassinats, mais en eux se cache le secret du monde.''(p.401)
À propos : il (re)pleut.
La suite sous peu.
Et comme de bien entendu, pour en savoir davantage, voir du côté du Fric frac Club, libellé 2666.
Ahhhh, sympa ces comptes rendu de lecture, la tête dans le guidon...
RépondreSupprimerBravo partner, et continue, moi, je lis !!!