Après les extraits coups de cœur de CosmoZ, glanés sur FaceBook, et postés ici-là en forme de faux scoop mais à l'attention de ceux qui ne sont/veulent pas réseausocialiser, voici une forme de, disons, collector.
Exhumé (c'est une habitude) de l'époque bénie qui me valut d'être maudit d'avoir copy/pasté un backfromoz point blogspot point com désormais emporté par un des trous noirs de l'espace numérique.
Certains s'en souviennent encore.
Ce qui va suivre date d'avril 2006 (sauf erreur).
CosmoZ n'était pas encore CosmoZ mais Livre vain.
En référence, si l'on peut dire, à Livre XIX, du même Claro, paru quelques années plus tôt.
En l'état actuel de ma boîte aux lettres, j'ignore si ce passage a subi des modifications dans ce qui sortira chez votre libraire préféré le 18 août prochain. Si quelqu'un, quelque part, de l'autre côté de l'arc-en-ciel, ceci dit sans gravité aucune, a le moyen de comparer, qu'il parle ou se taise à jamais.
Bien entendu, si cet extrait gêne, ce que je comprendrais aisément, je le retirerai sans aucun délai ni condition (quoique... boîte aux lettres... attendre le 18 août... -- non, je ne chantage pas, je plaisante).
Exhumé (c'est une habitude) de l'époque bénie qui me valut d'être maudit d'avoir copy/pasté un backfromoz point blogspot point com désormais emporté par un des trous noirs de l'espace numérique.
Certains s'en souviennent encore.
Ce qui va suivre date d'avril 2006 (sauf erreur).
CosmoZ n'était pas encore CosmoZ mais Livre vain.
En référence, si l'on peut dire, à Livre XIX, du même Claro, paru quelques années plus tôt.
En l'état actuel de ma boîte aux lettres, j'ignore si ce passage a subi des modifications dans ce qui sortira chez votre libraire préféré le 18 août prochain. Si quelqu'un, quelque part, de l'autre côté de l'arc-en-ciel, ceci dit sans gravité aucune, a le moyen de comparer, qu'il parle ou se taise à jamais.
Bien entendu, si cet extrait gêne, ce que je comprendrais aisément, je le retirerai sans aucun délai ni condition (quoique... boîte aux lettres... attendre le 18 août... -- non, je ne chantage pas, je plaisante).
Maintenant, attachez-vos ceintures, ça va décoller.
Et décoiffer.
Ça commence par un cyclone
La suite sous peu.Dans le cyclone, l’œil, et dans l’œil, rien, sinon des milliers d’autres cyclones tordus par le vent et par le vent chassés, de longs cônes de mousseline grise qui se déboîtent, se déhanchent et se crispent en saccades hip-hop, impossible de savoir quelle forme y prend le silence, à quel degré d’imposture ou de turbulence il s’y trouve porté, quels bruits y sont disséqués quels autres embaumés, impossible d’y déployer une pensée assez solide pour qu’elle ait le moindre espoir d’en réchapper : aucune, nous le savons, n’y résisterait, car la tempête se lève, sévit, et ses vents se liguent, formant un bulbe convoluté aussitôt étiré en entonnoir, la couche d’air froide patine et cahote sur la couche d’air chaud, obligeant celle-ci à s’ériger en colonne de disques furieux, articulés ; l’air a cessé d’être pure volition horizontale et façonne ses parois intérieures à coups de rotations, les convulsions s’inventent discipline et désastre – la tornade naît, elle se visse et se désosse sur elle-même avec volupté, singeant parfois l’immobilité à une vitesse de cinq cents kilomètres/heure, compressant heures et distances, s’avance et se recentre à force de dévorations, de régurgitations, la voici ventousée à la terre et dans le ciel couronnée de vide, il est trop tard, car j’ai bien peur, oui, j’ai bien peur que nous soyons de nouveau au Kansas, Toto.
Tant mieux (exit Toto), car c’est au Kansas que les tornades trouvent leur terrain d’expression le plus abouti, le plus pragmatique, dans cette région usée par l’entêtement des premiers colons et la résistance d’Indiens déchus. Alcool, fusils, concessions, trahisons : c’est un schéma depuis longtemps intégré. Fusant du sud de l’Etat puis traçant vers le nord selon d’invisibles lignes de rafales, les tornades profitent de l’aridité et de la sécheresse du terrain pour renoncer aux plaines craquelées du Nouveau-Mexique, inexorablement attirées par les Grands Lacs magnétiques.
C’est un fait : il n’a pas plu depuis trois jours et trois nuits. L’après-midi s’est attardée dans les fissures du sol et les ombres torves des arbres. Conditions idéales, chiens haletant sous les tracteurs, siestes pliées et repliées sur elles-mêmes, dans le drame d’un lit ou sur la balancelle d’un porche. Dans le champ de blé, l’épouvantail danse sans bouger, tous les téléviseurs sont soudain brutalement siphonnés de l’intérieur par un appel d’air, les ampoules cognent, clignent puis s’éteignent, les volets giflent en morse les bardeaux, la poussière hésite et sautille, très vite ça racle et grince, la lumière semble baisser par à-coups, comme la vue d’un mourant qui voit le soir écraser tout ce qu’il sait.
Tout là-bas, le nuage entame sa descente en une volte lente et de plus en plus grise, il enfle jusqu’à atteindre une épaisseur de cinquante pieds, aspire frénétiquement tout ce que sa trompe annelée peut rencontrer à la surface de la terre, puis recrache ce tout en un RIEN qui se disperse. (La tornade diffère du cyclone, comme autrefois l’émotion différait du sentiment, comme aujourd’hui le cauchemar se distingue du rêve. Plus concrètement, la colonne tornadique se tient perpendiculaire et procède par bonds et succions tandis que la cheminée cyclonique avance légèrement penchée, collée à la terre par sa base rotative. L’une danse, l’autre défile. L’une attaque, l’autre fuit. Mais il va sans dire qu’elles n’hésiteront pas échanger leurs caractéristiques à la moindre contrariété, fidèles en cela à l’extraordinaire susceptibilité de la Nature, laquelle est excitée à tout propos et en tout lieu par le facteur humain.) Tout ça progresse sur le tapis des conventions avec l’animosité contenue d’un aspirateur ayant renoncé à s’appeler Hoover. Monte la vache, saute la clôture, le vélo file entre les maïs et les écoliers épars tressautent à plus de vingt-quatre images par seconde dans le côlon mobile. Les bâtiments de ferme, les granges, les mangeoires, les reproductions de mangeoires peintes et suspendues sur les murs intérieurs des bâtiments de ferme, la masse rutilante des engins agricoles, les cailloux arrachés aux labyrinthes des semelles de bottes, les dents crachées dans la poussière, et même le cil déposé sur la pulpe de l’index puis laissé sur l’écorce de l’arbre : envolés, décuplés, dissociés. Tout cela forme tambouille puis monte en gerbe dans le col du cyclone qui brasse et redistribue, se livrant à d’interlopes accouplements, d’iniques collusions, et ce sans le moindre humour puisque nous sommes, rappelons-le, dans l’œil crevé qui n’a rien à voir mais tout à perdre.
Je suis soufflé ! Ouais bon.... ^^ c'est superbe, bravo !
RépondreSupprimerSi par "ça commence par un cyclone" tu entends que le livre commence ainsi, c'est pas ça (l'extrait non plus d'ailleurs). Enfin presque.
RépondreSupprimerArgl ! Tu as déjà CosmoZ ? ça t'ennuie de retranscrire ici le même passage, tel qu'il a finalement été publié ? à titre de comparaison. Merci d'avance.
RépondreSupprimerohoh !!! mais nous sommes le 18 Aout !!!! Great !!! un escargot tout frais !!!!!!
RépondreSupprimerHeu , G@rpounet adoré ....peux tu passer sur MMC je t'y laisse un message , un ami écriturier qui est sur Marseilles cherche à te joindre ... Gros bisous et bravo pour cette jolie suite ! Plus de comm quad ...j'aurais tout lu ! Bisous Flo
OK, j'y passe. Tu m'intrigues, là.
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