23 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#3

Il y a tant à lire et dire de L’Odyssée barbare, de Daniel Sada, qu’on attaquera encore plus abruptement : maintenant !

rappel : [pourquoi/comment et note#1] [note#2]



*Première période
-Chapitre six :

Dernière phrase du chapitre cinq :
« [Trinidad] se redresse avec la lenteur d’un âne et recule perplexe, péniblement, de quelques pas seulement. »

Quelques pas seulement, pour un flash back d’autant plus surprenant qu’il est bruyant (toujours, semble-t-il, cette importance du brouhaha – voir note#2) : une plongée directe au cœur d'une fête mexicaine, très couleur locale, exubérante comme on les imagine. À croire que tout le village est là, du curé à la police, en passant par les inévitables pique-assiettes. Puis, à mesure que la fête bat son plein, apparaissent, sous l’apparente jovialité, les inévitables rivalités, ragots, magouilles, complots...rumeur [voir toujours note#2] ... mensonges... jusqu’à la haine des fils de Trinidad et Cécilia. Même pendant cette célébration de ce que l’on comprendra être leur anniversaire de mariage :



« Apparemment pas de changements… D’emblée la crise, forcément, rien d’autre, par le fait même que le détail connu était encore en suspens. » (p.29)

On commence à avoir l’habitude des points de suspension, qu’ils soient signe de ponctuation ou énoncés en toutes lettres. D’ailleurs, aussitôt :
« On va présenter autrement ce qui est resté tronqué. » (p.29)

Apparente valse hésitation délibérée de Sada, juste avant…un flashback à l’intérieur du flashback, suivi, quelques lignes plus loin, d’un nouveau changement de focale :
« Cependant, il faut prendre pied sur l’autre rive, au moins pendant un instant. Prenons la défense du père fainéant (…) » (p.31)

Et la voix off, ce narrateur/ metteur en scène sensé nous guider, nous aider à dénouer les fils de cette « vibration de sens enchevêtrés », de détailler précisément ce qui avait été esquissé au tout premier chapitre quant à l’oreille attentive que Trinidad prête aux bobards. Aux histoires. Aux mensonges (n’oublions pas le titre en VO, ni les épigraphes).



Puis : retour à la fête et au discours de Trinidad que l’assistance ne sait comment faire taire. Personne sauf… Dieu (tiens donc…) avec « une averse de grêle ponctuelle ». Si l’on se souvient bien, il y a déjà eu un autre moment au cours duquel Trinidad, impossible à faire taire, se voyait contraint au mutisme par un élément liquide (et décrit comme tel).
La scène des crachats, au chapitre deux.
L’averse de grêle en écho aux mollards ?
Fort possible.

Nota : une phrase relevée, parmi tant d’autres
« Ceux qui étaient assis se levèrent. »

Phrase à l’accent flaubertien du début de Madame Bovary ? (« Ceux qui dormaient se réveillèrent »)
Peut-être.
Peut-être pas.



*Première période
-Chapitre sept :

Retour aux fils de Trinidad, après leur…excommunication ?
« De temps à autre, Papias et Salomon se rendaient dans la funeste maison d’où ils avaient été chassés […] Sinon comme des revenants, du moins comme un couple de spectres efflanqués » (p.33)




Ce chapitre, même si sa place dans la chronologie est incertaine (peut-être une parenthèse située après le chapitre deux qui, on le sait, est quant à lui antérieur à l’arrivée des cadavres décrite dans le chapitre un – souvenons-nous de Trinidad voyant/rêvant ses fils en cadavres ; ici, nous en avons une évocation par l’emploi de « revenants » et « spectres »), est toutefois bel et bien lié à celui qui le précède par le crachat/la grêle. Sacrée association d’idées pour une gymnastique temporelle frisant le grand écart ; on admire la performance.
Mais ce n’est pas tout.
En effet, une autre phrase est intéressante :
« Et leur père était incapable de les appeler »

Cette incapacité de Trinidad déjà rencontrée lorsqu’il va/ira les chercher à la Grotte du Pied-Bot, devant laquelle il les appelle/appellera, ne les appelle/appellera pas, ou rêve/rêvera le faire aux chapitres trois et quatre. [voir note#2]

Embrouillé ?
Non. Ce que l’esprit assimile au prix d’un ou deux chapitres d’entraînement est plus difficile à expliquer par écrit.
On en tire, à ce stade, deux conclusions :
- Sada est hallucinant !
- Ce livre est GEANT !
(et une troisième conclusion : je ne suis pas le seul à le dire)


*Première période
-Chapitre huit :

Nouveau flashback, ramenant cette fois-ci six semaines avant la fête du chapitre six (tiens ?).
Ici, de longues discussions afin de convaincre tant père que fils d’accepter leurs présences mutuelles, pourrait-on dire, à la célébration des noces d’argent de Trinidad et Cécilia. Les fils finiront par y condescendre, à condition toutefois de pouvoir « dresser leur propre liste d’invités » (p.38)
On comprend mieux l’ambiance… particulière de la fête.

[le chapitre suivant, de même que les chapitres dix et onze s’avèrant particulièrement importants/denses, ils seront au centre de la note de lecture#4. Entre temps, si vous lisez, n’oubliez pas de prêter attention à ce qui est court, à l’anodin… et aux points de suspension.]

La suite sous peu. [note de lecture#4]

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