30 décembre 2008

Le papier qui dure une année

En cette fin d'année, pas de coup d'œil dans le rétroviseur.
On s'en chargera ailleurs : mieux vaut être bien accompagné que seul.
Juste quelques mots sur les dernières lectures en date et en cours et à venir :

Sourire noir ou rouge, c'est selon, après La confrérie des mutilés, de Brian Evenson, pour laquelle on n'omettra pas de se rapprocher de l'excellent papier signé Bartleby. Ceci pour ceux qui hésiteraient encore à franchir la couverture.
Pas de sourire, mais une sacrée trace à l'arrière goût tenace après Décomposition, de J. E. Miller, pour lequel on pourra se tourner vers l'ami ThomZ.

Ensuite, on a longtemps hésité face à la pile de à lire - 74 volumes, à ce jour et à l'heure qu'il est - pour finalement opérer un plongeon longtemps reporté dans Les Reconnaissances, de William Gaddis. 150 pages plus tard : époustouflé. Non par ce qui reste à lire sur les deux volumes de 500 pages, mais par ce qu'on vient de lire.
150 pages plus tard : un passage, au hasard parmi ceux notés pour le plaisir qu'on y a pris/qu'on y prend.
Mais aussi ce passage parce qu'on peut y trouver un écho des lectures accomplies cette année, une année riche en ce sens où l'on a pu découvrir/réapprendre à lire et savourer les longs romans - très longs - avec Bolaño (2666) et Pynchon (Contre-jour), pour ne citer qu'eux[où l'on s'aperçoit que l'on vient de céder au syndrome du coup d'oeil dans le rétroviseur]- romans dont on appréhende d'attaquer la face nord mais qui se révèlent si prenants, plaisants qu'on éprouve du regret à en refermer la dernière page. Ce serait négliger que ces pavés laissent de sacrées traces. Inutile donc de préciser que ces longs/denses romans savent rendre la monnaie de la pièce, sont à la mesure de l'effort accompli par ceux qui s'y lancent. S'y enfoncent.


Une fois qu'il s'en fut rendu compte, sa curiosité fut en éveil ; il en détournait les yeux, puis les reportait sur la copie, la complétant dans son esprit ; puis il la regardait de nouveau, comme si, en l'absence momentanée de son regard et par la force de sa propre imagination, elle avait pu être achevée. Mais chaque fois qu'il y revenait, elle était légèrement différente de son souvenir, refusant cet achèvement qu'il avait lui-même accompli.
-- Pourquoi ne veux-tu pas la terminer ? finit-il par demander.
-- Il y a quelque chose dans un... une oeuvre non terminée, une... une chose comme ça où... tu vois ? Où la perfection est encore possible ? Parce qu'elle est là, elle est là tout le temps, tout le temps qu'on essaie de la faire apparaître...

William Gaddis - Les Reconnaissances


Pour finir, ou plutôt continuer à commencer l'année qui vient, on guettera, entre autres, un essai dont il ne nous semble pas avoir entendu parler : Le clavier cannibale, par Claro, en mars 2009.

Bonne fin d'année à tout&tous et
La suite sous peu.

1 commentaire:

  1. Eh oui, comme le disait Paul Valery, Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie.

    Joyeuses Fêtes à toi, ami escargot. Et à l'année prochaine.

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