Affichage des articles dont le libellé est Horcynus Orca; Stefano d'Arrigo; Antonio Werli; Le nouvel Attila. Afficher tous les articles
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20 janvier 2024

En termine-t-on avec l'odyssée Horcynus Orca ?

Après trois bons (dans tous les sens du terme) mois de navigation,

dernière page de Horcynus Orca tournée, dernière phrase lue gorge nouée, phrase inoubliable, conduisant à approuver ce qu'en dit Roberto Saviano :

Phrase inoubliable, scène inoubliable, à l'égal du roman dans son entier --  trois bons mois... ailleurs.
On ne s'en serait pas/plus cru capable.
Car Horcynus Orca est un sacré voyage, un voyage au long cours - ne pas se leurrer.

Certains semblent l'avoir compris rien qu'en prenant l'ouvrage en mains (à défaut d'à bras-le-corps ?) : 


Oui, bon, plutôt être aveugle que de lire la chronique ci-dessus dans L'Obs (mini-chronique au demeurant, très très mini - on l'a lue, qui nous interroge : Didier Jacob a-t-il seulement lu Horcynus Orca ? On se prend sérieusement à en douter -- aparté : si j'étais payé pour faire des notules en ne lisant que la 4e de couv et en soupesant les bouquins, je serais riche)

On se permettra donc de lui opposer ce qui va suivre, déniché dans L'échec Comment échouer mieux (Claro -- éditions Autrement 2024) sur lequel on ne manquera pas de revenir... sous peu : 


Bref : Horcynus Orca, après avoir été taxé d'intraduisible, serait-il... illisible ?

Convoquons Antonio Werli, l'un des deux traducteurs :
"Plusieurs observateurs ont ainsi comparé cette oeuvre à la mer : la forme du récit, fertile en digressions et en flash-backs [...] le bain linguistique dans lequel apprend à se repérer le lecteur..."
Le bain linguistique dans lequel apprend à se repérer le lecteur.

Précisément.
Horcynus Orca demande d'avoir le pied marin (on va expliquer).

Postulat de base tout de même : on ose espérer que si vous avez acquis l'ouvrage, ce n'est ni pour caler un meuble ni pour en faire un banal serre-livres sur vos Billy (n'est-ce pas Didier Jacob ?)

Sachez donc que :


Vous êtes avertis, et un lecteur averti, etc.

 (Et si vous êtes néanmoins convaincu que ceci n'est pas pour vous ((je n'ai pas pu résister à la faire, celle-là)), lisez la chronique de Caroline Hoctan -- ça, c'est une chronique -- tout autant que celle de Pierre Ahnne)


Pied marin, donc.

Au début, vous, comme nous, allez ramer.
Principalement par manque ou perte d'habitude des romans de plus de 300 pages, mais aussi en raison du style, de la langue, des langues devrait-on dire ( et vous allez en apprendre une foultitude, tiquer sur ce qui ressemble à une coquille, ressemble a priori à une coquille -- rien n'est certain ni acquis d'avance dans Horcynus Orca)
Ah.
(on va prendre un exemple)


Le passage ci-dessus n'est que la partie émergée de l'iceberg -- on est au début de l'énormeroman -- mais notez le malagauche. Vu ? (il y en a d'autres du même acabit, on ne les citera pas tous, on vous laisse le plaisir de les découvrir -- sachez qu'ils sont tous parlants !). Maintenant, lisez l'extrait en entier.
N'y sentez-vous pas un... mouvement ? Un rythme ?
Est-ce que ça ne ressemblerait pas à... la marée ?
On a déjà évoqué ceci ici

Des ondulations de cette sorte, Horcynus Orca en regorge.
Et vous vous y habituerez, vous laisserez porter, vous aurez le pied marin -- et point de vogue la galère, ici, plutôt une croisière de... rêve (et de rêve il est maintes fois question).

On ne vous apprendra rien (du moins on le suppose) que la mer et la mort baignent ce roman -- pardon : cette odyssée.
La guerre aussi : suggérée, contextuelle d’abord, elle ne révèle son horreur que dans les dernières pages où sont d’ailleurs « rappelés », en partie, les principaux protagonistes — procédé théâtral ? À l’égal de la tragédie italienne des XVIe et XVIIe ?
Le rêve y a aussi une part importante.
Et le temps, comme s'il naviguait aussi, afflue, reflue, parfois au sein d’une même phrase. À l’égal d’un rêvéveillé dans lequel la réalité fait un pas de côté puis regagne (ou pas) le droit chemin. 
Antonio parlait de flash-backs : on ne peut plus vrai ; mais il y a aussi des flash-forwards, au coeur d'une phrase, d’un long passage — les temps varient alors, se mêlent, s’emmêlent, s’en mêlent  et, oui, dérivent. On l’a dit. 
Roman-océan.

D'Arrigo y convoque Homère et son Odyssée, la revisite, la tord à sa langue (ah, Ciccina Circé), on pense aussi à Joyce (en nettement plus abordable - lisible si l'on peut dire - à l'abordage !), à Gadda, on pense par moments au Against the Day de Pynchon, et on en oublie.

Qu'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas d'un patchwork, mais bel et bien d'un tout doté de sa propre, disons, personnalité, ou style, poésie, humour (dialogues croustillants), de son langage, dialecte, sa rythmique, ponctuation et de... sa symbolique.

Sa symbolique.

C'est précisément là qu'il faudrait creuser, lire, relire, les lignes, entre les lignes, chercher les indices...
Une vie y suffirait-elle ?
Une thèse ?

Vous l'aurez compris.

Après trois bons (dans tous les sens du terme) mois de navigation, une fois la dernière phrase lue, on n'en a pas terminé pour autant avec Horcynus Orca.
Ce roman gravé dans ses lecteurs.
Il y en a peu de cet acabit.
Grâce en soit rendue à Antonio Werli, Monique Baccelli et au Nouvel Attila.




Horcynus Orca — trad : Monique Baccelli et Antonio Werli, 1372 pages, 39 euros 90 — le Nouvel Attila — octobre 2023

-- la suite sous peu




24 octobre 2023

#Horcynus Orca #Deuxième jour à bord : chiche (ou cisse) et le clapotis des vagues de l'attente

On va commencer par rassurer tout le monde (du moins les rares qui lisent ce vieux blog même pas rapiécé, truffé de liens morts, à la mise en page chaotique, au design daté) : on ne jettera pas de notule par-dessus bord tous les jours.

Pourquoi ? demandent ceux du fond (de cale ?)


Avant tout par manque de (gros) temps qui approche (les congés, à l'inverse des diamants, ne sont pas éternels.)
Par envie, ensuite, de naviguer seul à bord, en maître, de Charybde en Scylla.
De se laisser porter par les flots.
Lire, dans tous les cas, m'isole. (je la note pour ma biographie, celle-là)
Bref, vous avez saisi.

Avant cela, aujourd'hui, savoureux moment fait de pois chiche ou cisse, dans un "chapitre" où tout ondule, phrases allant vers l'avant, puis l'arrière, tel le clapotis des vagues de l'attente sur le quai : et c'est bien de cela dont il est question.
Une mère et sa fille lavent le linge sale de leur fils/frère
"... Sasà Liconti, pour faire bref, qui des astres a chuté au désastre..."

 qui, lui, attend un transbordement (dont on se prend à douter qu'il viendra) en exhibant une photo bien mystérieuse.
Bref, 

"Tout un ensemble de choses, que d'un côté elles avaient peut-être dites, la mère et la fille, et d'un autre n'avaient peut-être pas l'intention de lui dire, du moins la mère, parce que la fille, elle en avait à moitié l'intention : "Cet ensemble de choses, il y a de quoi dire..."

À l'inverse du premier jour à bord, où les féminautes enchaînaient les phrases pour n'en faire qu'une, unies (voir notule précédente), ici, tout n'est qu'ondulation, vaguelettes qui s'échouent au bord d'un quai, puis repartent au gré de la marée (en somme).

"Oui, il était là, il est là : un homme dévasté, si vous le voyiez, et il faudrait que vous l'ayez connu avant pour vous en faire une idée."

Mais pourquoi chiche ou cisse ? demandent encore ceux du fond.

Parce que si l'on souhaite vérifier que vous êtes sicilien, on vous fera dire "pois chiche".
Chiche, vous êtes Français.
Sisse, vous êtes Sicilien.

À vous de découvrir la suite.

Avant de tourner la page du jour, et de reprendre un de ces quatre, on ne saurait que trop vous recommander de lire cet excellent article de La viduité.

Si après tout ça vous n'avez pas l'envie d'embarquer dans le voyage au long cours Horcynus Orca, c'est à n'y rien comprendre.

La suite sous peu

23 octobre 2023

#Horcynus Orca #Premier jour à bord

Premier jour à bord d'Horcynus Orca, et, autant le dire, si l'on bave, cela n'a rien à voir avec un quelconque mal de mer.

Bien au contraire.

Quelques preuves à savourer, en image(s) tirées de la version numérique (même si l'esc@rgot navigue à bord du papier)
Page 47

Page 56

Néanmoins, pour ceux n'ayant pas le pied marin, ou souhaitant s'orienter au sextant

dans cette marée de références (la version numérique est traitre en ce que l'on a tendance à vouloir dénicher sur la toile le vrai du faux, que l'on risque vite de systématiser ce, oui, défaut - on a d'ailleurs bien vite cessé ce manège, préférant se laisser... embarquer), jeux de mots, mots valises, dialectes mêlés, voici de quoi (tenter de) s'y retrouver : le site compagnon (2018 a priori)

On le redira toutefois, à trop vouloir chercher, on s'y perd.

Autant se laisser porter par les flots et les pépites qui y naviguent.

Quelques preuves savoureuses, en mots : 

"... et ce giganton d'Aspromonte, puits sans fond, antre où le malagauche peinait à retrouver la sortie..."

"... pareille à un être fait d'air, une silhouette sans existence, enfantasmée."

"... Boccadopa devait descendre de sa béquille et cigogner sur son unique jambe..."

On ne va pas tous les sortir, on ne va pas spoiler (même si on se poile) mais vous aurez compris que cette petite musique rend l'ensemble... délicieux.

Alors n'attendez plus, montez à bord, on vous dit !

PS : coquille or not coquille ? Là est la question... et on préfère nettement croire à un acte volontaire.
Page 63, se trouve un... volontié.
On cite : "Je retourne et je dis : le petit marin, volontié il a dit, s'il peut."

La suite sous peu

22 octobre 2023

L'esc@rgot sort de sa coquille

Dix ans.
Il aura fallu dix ans pour que l'esc@rgot ressorte de sa coquille.
Pourquoi avoir tant attendu ?
Pourquoi aujourd'hui ?
Pour faire court : à cause d'un pavé lancé dans la mare nostrum.
Celui-ci :

Horcynus Orca.
Traduit par Antonio Werli (oui, celui du Fric-Frac Club - mais pas que)
12 ans de boulot - respect.
Lisez ceci, en passant (et notez bien la date, et ce que dit Antonio quant à la fin prévue de la traduction) : Antonio Werli en pleine mer avec Horcynus Orca
Un livre monstre, soi-disant intraduisible, qu'Antonio et Le Nouvel Attila nous collent dans la PAL.
Un vendredi (le jour du poisson).
Un vendredi 13 (ça porte bonheur). 
13/10/2023. 
Pour notre plus grand plaisir.
Ça méritait bien qu'on fasse du bouche à bouche à l'esc@rgot.
Donc donc donc.
On plonge ! Les yeux ouverts !
Now single up all lines!

-- la suite sous peu (enfin... dans 1300 pages et quelques)