24 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#4

Rappel : [pourquoi/comment et note#1] [note#2][note#3]

...abruptement : maintenant !



*Première période
-Chapitre neuf :

Chapitre important tant par les événements qui s’y passent que par les révélations/éclaircissements qu’il apporte.
Ainsi, on y croise un certain Don Venulo rendant visite à Cécilia, dont il est amoureux depuis que celle-ci était célibataire (à rapprocher de la durée que représente les noces d’argent de Trinidad et son épouse). Cette scène se déroule pendant que Trinidad est parti à la recherche de ses fils (encore une nouvelle parenthèse, une mise en parallèle). Don Venulo dont on apprend la véritable nature (encore que) de la bouche même du narrateur :
« Venulo, soit dit au passage, ou à propos, où à la dérobée… banal falsificateur aux yeux de beaucoup » (p.39)

Falsificateur : mensonge, réalité déformée toujours. Mais « aux yeux de beaucoup » ne signifie pas aux yeux de tous…
Venulo, auquel Trinidad ne cesse de se référer.
Venulo qui, de son propre aveu
« ne prétends pas être un exemple, mais je reçois constamment une foule de rumeurs, des visions infaillibles, et tout cela sans sortir de chez moi » (p.41)

Rumeurs, encore.
Visions infaillibles ?
Mensonge, si l’on en croit (mais peut-on croire un falsificateur ?) toujours Venulo qui ajoute :
« analyse en détail le pour et le contre de toute affaire qui se présente, c’est comme si je la plumais et la dépeçais » (p.41)

Venulo qui se laisse aller à trop parler :
« votre mari a perdu la tête parce qu’il n’en fait pas le même usage que moi »

Et, plus fort encore :
« à présent on en arrive au point névralgique, accrochez-vous !, au fin du fin, car si l’on en croit les rumeurs logiques (…) »

Rumeurs logiques ?
Venulo trop bavard, emporté par sa fatuité ; il n’en faudra pas davantage à Cécilia pour comprendre ce qu’on se gardera bien de révéler ici, si ce n’est que la réalité qu’elle imaginait n’était que déformée. Il ne lui reste alors plus qu’à espérer
«tant bien que mal : la reconquête ? »

Outre Venulo, Cécilia reçoit une étrange – et inquiétante ? – visite dont on soupçonne qu’on en apprendra davantage plus tard…
Ce chapitre se termine sur une « obscure connexion » entre Cécilia et son époux Trinidad qui, chacun de leur côté, regardent les étoiles. L’ultime phrase du chapitre laisse, peut-être à tort, une impression de drame imminent :
« Il repartirait demain. Dormir dans une sorte de sépulcre, peut-être dans une paix sacrée, pendant un délai énigmatique. » (p.47)

[Parenthèse] : Une question surgie d'elle-même pendant la rédaction de cette note.
Venulo...comment ce nom pourrait-il être traduit ? En latin, on trouve bien trace d'un Venulus dans L'Enéide d'Ovide :
Lv. XI :
Haec effatus equum in medios, moriturus et ipse,
concitat et Venulo adversum se turbidus infert
dereptumque ab equo dextra complectitur hostem
et gremium ante suum multa vi concitus aufert.

Sur ces paroles, prêt lui aussi à mourir, il pousse son cheval dans la mêlée,
et comme une trombe va se porter au-devant de Vénulus.
Il fait tomber son ennemi de cheval, le saisit dans ses bras,
et, avec une force sans bornes, l'emporte serré contre lui.

Ce qui ne nous avance guère. D'autant plus que du côté mexicain, on n'a rien trouvé - hop ! on oublie ce moment d'égarement.
[/Parenthèse]


*Première période
-Chapitre dix :

De nouveau un flashback, de plus de trente ans cette fois-ci, qui nous présente Trinidad sous un jour nouveau : l’envers, le côté sombre de ce personnage pour lequel, au terme du chapitre précédent, on pouvait éprouver une forme de sympathie.
Ici, on en vient pratiquement à comprendre la haine des fils de Trinidad, l’animosité des gens du village envers ce menteur, flemmard…entre autres. Peut-être apprend-on ici « le détail connu encore en suspens » du chapitre six ? Ou un des détails connus encore en suspens… Quoi qu’il en soit, on peut se demander si tous les acteurs de cette « pantomime générale » sont bien ce qu’ils paraissent être.


*Première période
-Chapitre onze :

Retour au présent (encore que rien ne soit plus aléatoire que cette affirmation).
Le village semble enfin se réveiller et est en proie à une certaine agitation. Il est question d’annuler les élections
« Conséquence : l’épisode du massacre, le despotisme exagéré et répugnant » (p.55)



À l’écart de…la rumeur, Trinidad rentre de la grotte du Pied-Bot, sans ses fils, hésitant entre la satisfaction d’avoir entrepris ce périple et l’amertume de son échec.
Il sera pourtant accueilli à bras ouverts par une Cécilia transformée, dans un passage qui oscille entre sensualité…et humour. Sans vouloir, là non, plus tout dévoiler, il sera intéressant de noter l’importance d’une boite d’allumettes, écho d’une certaine allumette ayant fait défaut à Trinidad dans le désert lors des chapitres concernés.
On l’a déjà dit : l’anodin, s’il l’est sur le moment, peut devenir important plus tard…ou l’avoir été.
La fin du chapitre est un régal d’humour dont on ne peut révéler qu’une chose : si Cécilia ferme la boutique pour ne voir personne de la journée (« Maintenant c’est mon tour » p.59) et que Trinidad souhaite la même chose (« Maintenant c’est mon tour »), la motivation de ce dernier n’est pas à proprement parler…identique à celle de son épouse (un écho qui pour être proche – même introduction dans le texte – n’en demeure pas moins… éloigné)
À noter par ailleurs que l’exclamation qui clôt le chapitre, présente une certaine coïncidence avec celle qui retentissait à la fin de la célébration des noces d’argent du couple…

[Parenthèse#2] Je viens de me faire avoir dans les grandes largeurs par Daniel Sada et sa temporamoralité. Figurez-vous que la fin de la célébration des noces d’argent de Cécilia et Trinidad n’a pas encore eu lieu, au chapitre onze.
Non.
Elle ne survient en « réalité »… qu’à la fin du chapitre treize, p.71. C'est en feuilletant tout à l'heure les pages cornées des chapitres suivants, en vue de la préparation de la note#5, que je m'en suis aperçu.
Comme quoi ce bouquin est réellement obsédant, démoniaque, GÉANT ! )
[/Parenthèse#2]




Au terme de ces onze chapitres et quatre notes de lectures, maintenant qu’il est établi que rien, absolument rien n’est gratuit dans L’Odyssée barbare, ainsi que le faisait remarquer, à juste titre, Bartleby en commentaire par ici , nous allons donc pouvoir passer à la vitesse supérieure.
D’autant plus qu’il n’est pas question ici-là de disséquer/résumer/citer l’ensemble des phrases, de la chronologie, de l’histoire, des histoires, des coïncidences du livre, de la plus évidente à la plus anodine – le pourrait-on ?

Sauf imprévu : la note suivante traitera des chapitres douze à dix-huit (fin de la Première période), les suivantes devant vraisemblablement être plus espacées dans le temps.
Juste le temps…de prendre le temps de lire.


La suite sous peu. [note de lecture#5]

2 commentaires:

  1. C'est marrant, ce chapitre X de la première période m'a rendu Trinidad encore plus sympathique...

    RépondreSupprimer
  2. toujours aussi con et vaniteux, l'escargouille

    RépondreSupprimer

Single up all lines, Chums !