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6 août 2009

En(dé)chainements de coïncidences#2

Entre deux groovy et autres surfeurs inherentvicés, un rapide petit mot au sujet de la maladie chronique dont je souffre depuis maintenant plus de sept ans.
Certains en ont fait des gorges chaudes (j'ai les noms).
Je passe par des périodes de rémission, pour mieux rechuter ensuite.
Depuis peu (très peu), en réalité, je me croyais enfin guéri.
En effet, la dernière attaque de ce virus viral virulent datant du printemps, du




21 juin, pour être précis, je me croyais à l'abri.
Jusqu'à ce que je lise Recels, de Alain-Paul Mallard, puis Et que morts s'ensuivent, de Marc Villemain. (D'ailleurs, comme le laisse clairement -- sic -- comprendre la phrase précédente, j'ai commencé par le second ; c'est logique...)

(merci à Bartleby pour les conseils de lecture, ceci dit en passant)
Parce qu'après ce qui m'avait frappé en juin :
Golden Gate : roman en vers : poésie : sonnets
L'Ombre en fuite : le personnage qui contacte l'artiste pour venir aider les programmeurs à dessiner est un ancien...poète. Qui rédigeait des sonnets. L'équipe qui travaille dans la Caverne bosse sur le virtuel cherchant à reproduire le réel.
Les Falsificateurs : falsifient le réel, on l'a déjà dit.
La proie des âmes : le(s) personnage(s) principal(aux) souffre de troubles de la personnalité. Sa tête (qu'il appelle... la maison - tiens donc... Titre original : Set this House in Order) abrite plusieurs âmes : il est recruté par une jeune femme créant une entreprise...de réalité virtuelle. Dans un entrepôt que son équipe appelle... L'Usine, ils élaborent un système de réalité virtuelle dont... le graphisme a besoin d'être amélioré.
Je vous laisse imaginer ma tête.
Je sais, ça ne s'arrange pas. Set my house in order !
Voici ce que je trouve dans Et que morts s'ensuivent :
Elle le sait, désormais : un otage, ça ne pense pas, ça fait le décompte. Le décompte des jours passés d'abord, parce que nous sommes ainsi faits, parce que même jetés là, sur le lino sale et paysan d'un meublé du bout du monde, nous ne pouvons nous empêcher de penser que s'il y a un tunnel, alors il y a une sortie, un horizon, une rédemption ; au début on fait le plein de lumière et de souvenirs heureux : images instinctives, comme remontées aux abords d'une surface que l'on croyait pure (...) Puis, plus tard, peu à peu, par un étrange renversement des règles élémentaires de la physique de l'espace et du temps, et alors même que nous n'avons pas bougé d'un iota, que nous sommes toujours celés là, inatteignables, inaudibles, invisibles, seuls, alors même que le ciel continuer de se jouer des feuillages et des ombres, qu'il se fait plus massif et plus impérial, et plus inébranlable, d'un coup la lumière ne semble plus pouvoir nous atteindre, comme si quelqu'un avait posé un calque noir sur une ampoule incandescente - comme une grâce qui se refuse. Et vient le décompte des autres jours, ceux qui restent et ceux qui fuient, et ce décompte-là se nourrit à une source dont notre chair panique [...]


Comment, mais comment ne pas penser à L'Ombre en fuite, de Richard Powers ? Bondedla ! Une coïncidence ! Une de plus, je ne suis donc pas guéri...
Qu'à cela ne tienne, je suis ensuite passé à Recels.
Me disant : ce n'est rien, ça va passer, c'est en train de te passer, ça passe, c'est passé.
Croyez-le, tiens !
Voici sur quoi je suis tombé (ou plutôt ce qui m'est tombé sur le coin de la coquille), page 118 :

DANS UN PAYS EN FLAMMES
Des inconnus frappent à leur porte et cherchent à leur vendre les cadavres de leurs parents. Ils ne demandent pas beaucoup, mais il faut se décider vite... (Ils sont enveloppés dans une bâche, dans la partie arrière de la camionnette, qui est garée à deux rues de là.)


Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne : bonjour le remords, le retour vers Daniel Sada, dont je n'ai toujours pas terminé la lecture.
Coïncidence again ou rappel à l'ordre ?
La suite (sous peu) le dira.
Mais après Inherent Vice de Thomas Pynchon.



4 avril 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#5

Rappel : [pourquoi/comment et note#1] [note#2] [note#3] [note#4]

...maintenant !



*Première période
--chapitres douze à dix-huit.

On entre de plein pied dans ces chapitres conduisant à la fin de la première période, de plein pied mais par une porte dérobée, entraperçue au chapitre un : une histoire qui n’avait alors « pas d’importance ».
« l’un d’entre vous, camarades, connait-il le nom et l’origine du chauffeur de la camionnette qui a amené les cadavres ? » (p.60)

Le mensonge, les histoires, étant, on l’a vu, un des éléments de la trame de cette première période, arrive ce qui devait arriver : un bonimenteur patenté s’approche alors sous les regards méfiants des villageois venus écouter le discours mégaphoné d’un certain Néstor Bores. Méfiants, les regards, car :
« On en devine la raison : tous s’attendaient à des distorsions, des inventions, des extravagances » (p.60)

[Les habitants de Remadrin ne sont pas les seuls : le lecteur est dans le même cas, il est désormais entrainé, il a appris à se méfier, lui aussi. ]

S’en suit alors une cacophonie de papotages alambiqués, de précipitation, comme si chacun oubliait aussitôt sa méfiance pour céder à un penchant naturel pour…les histoires ; si possibles embrouillées en vibration de sens entremêlés (souvenez vous…) – pour preuve, on passe de la question initiale de Néstor Bores (le nom et l’origine du chauffeur) à la recherche du nom du propriétaire de la camionnette, pour finir par estimer le maire coupable de la tuerie.

Au cœur de ce ramdam, Cécilia espère des nouvelles de son mari, de ses fils, cherche à se faire une idée par elle-même.

Contraste : Bores affirme que l’ordre de tuer venait de plus haut ? Nouvelles tentatives bruyantes, « fadaises, chichis, rodomontades, galéjades faciles, ou faux-fuyants geignards ».
Jusqu’à un moment, ou plutôt une phrase décisive.
Lancée à grand renfort de mégaphone par Bores.
Et écrite en majuscules :
« LE MAIRE N’EST PAS COUPABLE. LE COUPABLE, C’EST LE SYSTÈME ET LUI N’EST QU’UN PETIT ROUAGE À L’INTÉRIEUR DE LA GRANDE MACHINE ! » (p.66)

Cette exclamation, outre qu’elle constitue une dénonciation, proférée à voix plus que haute, réveille le lecteur. On ne peut alors s’empêcher de se remémorer le passage auquel on avait trouvé des accents flaubertiens, au chapitre 6 :
« Ceux qui étaient assis se levèrent »

À la même page, d’ailleurs, une autre phrase fait mouche – peut-être bien un écho déformé de la phrase majuscule, en moins tonitruant :
« le mauvais côté de la raison, c’est qu’elle se manifeste toujours trop tard… » (p.66)

Quoi qu’il en soit, la discussion durera six heures…

On en revient ensuite aux noces d’argent de Cécilia et Trinidad, dont on a déjà parlé (cf. ici et ici) avec son inévitable photo souvenir, figée sur ce présent que l’on
« regardera plus tard, bien plus tard (…) à la dérobée » (p.71)

Pendant ce temps plus tard, les cris et algarades se poursuivent jusqu’à ce qu’un homme, Conrado Lua, assis sur un banc, un homme en marge de l’agitation ambiante, se révèle être le seul à détenir l’information, les informations que tout le monde cherchait.
Parce qu’il était à l’écart du bruit, des rumeurs, en marge de « l’attroupement des idiots » ?
En marge dans ce temps-ci, mais au cœur des distorsions, inventions, etc. dans la période suivante, on le verra.

Lorsque Cécilia rentre enfin chez elle, se produit ce qu’il est possible de qualifier de « jonction des récits » : l’espace d’un instant, le temps se croise : Conrado repart pendant que Trinidad rentre. Ce « presque miracle » est décrit de la façon suivante :
« les deux hommes se croisèrent face à face (…) On aurait dit la rencontre de deux fantômes ? Fugacité sans surprise : Conrado partait, Trinidad rentrait. »

Fantômes, revenants, spectres (cf. chapitre 7)

Conrado partait : sauf qu’il va précisément entrer dans la deuxième période.

Trinidad rentrait : sauf qu’il va rester – pour un temps ? – dans cette première période.

À la fin de celle-ci, une scène semble également révélatrice de tout ce que l’on vient d’apprendre quant à la façon d’aborder le(s) récit(s) de L’Odyssée Barbare : Cécilia range des photos, tente de les remettre en ordre.
Fragments toujours.
De même, le chapitre dix-huit semble opérer une fusion des fragments de temps, être le point de convergence des 80 et quelques premières pages.
À ce stade, et vu ce qui s’y produit, ou va s’y produire entre les deux époux enfin réunis, on ne peut que s’éclipser sur la pointe des pieds.
Retrouvera-t-on Cécilia et Trinidad dans une prochaine période, ou ne sont-ils qu’une photo que l’on regardera « plus tard, bien plus tard (…) à la dérobée » ?

Curieuse impression, au terme de cette première période, que d’avoir appris à lire dans les reflets d’un miroir brisé.
Chaos étoilé, disait Bartleby

La suite sous peu.

24 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#4

Rappel : [pourquoi/comment et note#1] [note#2][note#3]

...abruptement : maintenant !



*Première période
-Chapitre neuf :

Chapitre important tant par les événements qui s’y passent que par les révélations/éclaircissements qu’il apporte.
Ainsi, on y croise un certain Don Venulo rendant visite à Cécilia, dont il est amoureux depuis que celle-ci était célibataire (à rapprocher de la durée que représente les noces d’argent de Trinidad et son épouse). Cette scène se déroule pendant que Trinidad est parti à la recherche de ses fils (encore une nouvelle parenthèse, une mise en parallèle). Don Venulo dont on apprend la véritable nature (encore que) de la bouche même du narrateur :
« Venulo, soit dit au passage, ou à propos, où à la dérobée… banal falsificateur aux yeux de beaucoup » (p.39)

Falsificateur : mensonge, réalité déformée toujours. Mais « aux yeux de beaucoup » ne signifie pas aux yeux de tous…
Venulo, auquel Trinidad ne cesse de se référer.
Venulo qui, de son propre aveu
« ne prétends pas être un exemple, mais je reçois constamment une foule de rumeurs, des visions infaillibles, et tout cela sans sortir de chez moi » (p.41)

Rumeurs, encore.
Visions infaillibles ?
Mensonge, si l’on en croit (mais peut-on croire un falsificateur ?) toujours Venulo qui ajoute :
« analyse en détail le pour et le contre de toute affaire qui se présente, c’est comme si je la plumais et la dépeçais » (p.41)

Venulo qui se laisse aller à trop parler :
« votre mari a perdu la tête parce qu’il n’en fait pas le même usage que moi »

Et, plus fort encore :
« à présent on en arrive au point névralgique, accrochez-vous !, au fin du fin, car si l’on en croit les rumeurs logiques (…) »

Rumeurs logiques ?
Venulo trop bavard, emporté par sa fatuité ; il n’en faudra pas davantage à Cécilia pour comprendre ce qu’on se gardera bien de révéler ici, si ce n’est que la réalité qu’elle imaginait n’était que déformée. Il ne lui reste alors plus qu’à espérer
«tant bien que mal : la reconquête ? »

Outre Venulo, Cécilia reçoit une étrange – et inquiétante ? – visite dont on soupçonne qu’on en apprendra davantage plus tard…
Ce chapitre se termine sur une « obscure connexion » entre Cécilia et son époux Trinidad qui, chacun de leur côté, regardent les étoiles. L’ultime phrase du chapitre laisse, peut-être à tort, une impression de drame imminent :
« Il repartirait demain. Dormir dans une sorte de sépulcre, peut-être dans une paix sacrée, pendant un délai énigmatique. » (p.47)

[Parenthèse] : Une question surgie d'elle-même pendant la rédaction de cette note.
Venulo...comment ce nom pourrait-il être traduit ? En latin, on trouve bien trace d'un Venulus dans L'Enéide d'Ovide :
Lv. XI :
Haec effatus equum in medios, moriturus et ipse,
concitat et Venulo adversum se turbidus infert
dereptumque ab equo dextra complectitur hostem
et gremium ante suum multa vi concitus aufert.

Sur ces paroles, prêt lui aussi à mourir, il pousse son cheval dans la mêlée,
et comme une trombe va se porter au-devant de Vénulus.
Il fait tomber son ennemi de cheval, le saisit dans ses bras,
et, avec une force sans bornes, l'emporte serré contre lui.

Ce qui ne nous avance guère. D'autant plus que du côté mexicain, on n'a rien trouvé - hop ! on oublie ce moment d'égarement.
[/Parenthèse]


*Première période
-Chapitre dix :

De nouveau un flashback, de plus de trente ans cette fois-ci, qui nous présente Trinidad sous un jour nouveau : l’envers, le côté sombre de ce personnage pour lequel, au terme du chapitre précédent, on pouvait éprouver une forme de sympathie.
Ici, on en vient pratiquement à comprendre la haine des fils de Trinidad, l’animosité des gens du village envers ce menteur, flemmard…entre autres. Peut-être apprend-on ici « le détail connu encore en suspens » du chapitre six ? Ou un des détails connus encore en suspens… Quoi qu’il en soit, on peut se demander si tous les acteurs de cette « pantomime générale » sont bien ce qu’ils paraissent être.


*Première période
-Chapitre onze :

Retour au présent (encore que rien ne soit plus aléatoire que cette affirmation).
Le village semble enfin se réveiller et est en proie à une certaine agitation. Il est question d’annuler les élections
« Conséquence : l’épisode du massacre, le despotisme exagéré et répugnant » (p.55)



À l’écart de…la rumeur, Trinidad rentre de la grotte du Pied-Bot, sans ses fils, hésitant entre la satisfaction d’avoir entrepris ce périple et l’amertume de son échec.
Il sera pourtant accueilli à bras ouverts par une Cécilia transformée, dans un passage qui oscille entre sensualité…et humour. Sans vouloir, là non, plus tout dévoiler, il sera intéressant de noter l’importance d’une boite d’allumettes, écho d’une certaine allumette ayant fait défaut à Trinidad dans le désert lors des chapitres concernés.
On l’a déjà dit : l’anodin, s’il l’est sur le moment, peut devenir important plus tard…ou l’avoir été.
La fin du chapitre est un régal d’humour dont on ne peut révéler qu’une chose : si Cécilia ferme la boutique pour ne voir personne de la journée (« Maintenant c’est mon tour » p.59) et que Trinidad souhaite la même chose (« Maintenant c’est mon tour »), la motivation de ce dernier n’est pas à proprement parler…identique à celle de son épouse (un écho qui pour être proche – même introduction dans le texte – n’en demeure pas moins… éloigné)
À noter par ailleurs que l’exclamation qui clôt le chapitre, présente une certaine coïncidence avec celle qui retentissait à la fin de la célébration des noces d’argent du couple…

[Parenthèse#2] Je viens de me faire avoir dans les grandes largeurs par Daniel Sada et sa temporamoralité. Figurez-vous que la fin de la célébration des noces d’argent de Cécilia et Trinidad n’a pas encore eu lieu, au chapitre onze.
Non.
Elle ne survient en « réalité »… qu’à la fin du chapitre treize, p.71. C'est en feuilletant tout à l'heure les pages cornées des chapitres suivants, en vue de la préparation de la note#5, que je m'en suis aperçu.
Comme quoi ce bouquin est réellement obsédant, démoniaque, GÉANT ! )
[/Parenthèse#2]




Au terme de ces onze chapitres et quatre notes de lectures, maintenant qu’il est établi que rien, absolument rien n’est gratuit dans L’Odyssée barbare, ainsi que le faisait remarquer, à juste titre, Bartleby en commentaire par ici , nous allons donc pouvoir passer à la vitesse supérieure.
D’autant plus qu’il n’est pas question ici-là de disséquer/résumer/citer l’ensemble des phrases, de la chronologie, de l’histoire, des histoires, des coïncidences du livre, de la plus évidente à la plus anodine – le pourrait-on ?

Sauf imprévu : la note suivante traitera des chapitres douze à dix-huit (fin de la Première période), les suivantes devant vraisemblablement être plus espacées dans le temps.
Juste le temps…de prendre le temps de lire.


La suite sous peu. [note de lecture#5]

23 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#3

Il y a tant à lire et dire de L’Odyssée barbare, de Daniel Sada, qu’on attaquera encore plus abruptement : maintenant !

rappel : [pourquoi/comment et note#1] [note#2]



*Première période
-Chapitre six :

Dernière phrase du chapitre cinq :
« [Trinidad] se redresse avec la lenteur d’un âne et recule perplexe, péniblement, de quelques pas seulement. »

Quelques pas seulement, pour un flash back d’autant plus surprenant qu’il est bruyant (toujours, semble-t-il, cette importance du brouhaha – voir note#2) : une plongée directe au cœur d'une fête mexicaine, très couleur locale, exubérante comme on les imagine. À croire que tout le village est là, du curé à la police, en passant par les inévitables pique-assiettes. Puis, à mesure que la fête bat son plein, apparaissent, sous l’apparente jovialité, les inévitables rivalités, ragots, magouilles, complots...rumeur [voir toujours note#2] ... mensonges... jusqu’à la haine des fils de Trinidad et Cécilia. Même pendant cette célébration de ce que l’on comprendra être leur anniversaire de mariage :



« Apparemment pas de changements… D’emblée la crise, forcément, rien d’autre, par le fait même que le détail connu était encore en suspens. » (p.29)

On commence à avoir l’habitude des points de suspension, qu’ils soient signe de ponctuation ou énoncés en toutes lettres. D’ailleurs, aussitôt :
« On va présenter autrement ce qui est resté tronqué. » (p.29)

Apparente valse hésitation délibérée de Sada, juste avant…un flashback à l’intérieur du flashback, suivi, quelques lignes plus loin, d’un nouveau changement de focale :
« Cependant, il faut prendre pied sur l’autre rive, au moins pendant un instant. Prenons la défense du père fainéant (…) » (p.31)

Et la voix off, ce narrateur/ metteur en scène sensé nous guider, nous aider à dénouer les fils de cette « vibration de sens enchevêtrés », de détailler précisément ce qui avait été esquissé au tout premier chapitre quant à l’oreille attentive que Trinidad prête aux bobards. Aux histoires. Aux mensonges (n’oublions pas le titre en VO, ni les épigraphes).



Puis : retour à la fête et au discours de Trinidad que l’assistance ne sait comment faire taire. Personne sauf… Dieu (tiens donc…) avec « une averse de grêle ponctuelle ». Si l’on se souvient bien, il y a déjà eu un autre moment au cours duquel Trinidad, impossible à faire taire, se voyait contraint au mutisme par un élément liquide (et décrit comme tel).
La scène des crachats, au chapitre deux.
L’averse de grêle en écho aux mollards ?
Fort possible.

Nota : une phrase relevée, parmi tant d’autres
« Ceux qui étaient assis se levèrent. »

Phrase à l’accent flaubertien du début de Madame Bovary ? (« Ceux qui dormaient se réveillèrent »)
Peut-être.
Peut-être pas.



*Première période
-Chapitre sept :

Retour aux fils de Trinidad, après leur…excommunication ?
« De temps à autre, Papias et Salomon se rendaient dans la funeste maison d’où ils avaient été chassés […] Sinon comme des revenants, du moins comme un couple de spectres efflanqués » (p.33)




Ce chapitre, même si sa place dans la chronologie est incertaine (peut-être une parenthèse située après le chapitre deux qui, on le sait, est quant à lui antérieur à l’arrivée des cadavres décrite dans le chapitre un – souvenons-nous de Trinidad voyant/rêvant ses fils en cadavres ; ici, nous en avons une évocation par l’emploi de « revenants » et « spectres »), est toutefois bel et bien lié à celui qui le précède par le crachat/la grêle. Sacrée association d’idées pour une gymnastique temporelle frisant le grand écart ; on admire la performance.
Mais ce n’est pas tout.
En effet, une autre phrase est intéressante :
« Et leur père était incapable de les appeler »

Cette incapacité de Trinidad déjà rencontrée lorsqu’il va/ira les chercher à la Grotte du Pied-Bot, devant laquelle il les appelle/appellera, ne les appelle/appellera pas, ou rêve/rêvera le faire aux chapitres trois et quatre. [voir note#2]

Embrouillé ?
Non. Ce que l’esprit assimile au prix d’un ou deux chapitres d’entraînement est plus difficile à expliquer par écrit.
On en tire, à ce stade, deux conclusions :
- Sada est hallucinant !
- Ce livre est GEANT !
(et une troisième conclusion : je ne suis pas le seul à le dire)


*Première période
-Chapitre huit :

Nouveau flashback, ramenant cette fois-ci six semaines avant la fête du chapitre six (tiens ?).
Ici, de longues discussions afin de convaincre tant père que fils d’accepter leurs présences mutuelles, pourrait-on dire, à la célébration des noces d’argent de Trinidad et Cécilia. Les fils finiront par y condescendre, à condition toutefois de pouvoir « dresser leur propre liste d’invités » (p.38)
On comprend mieux l’ambiance… particulière de la fête.

[le chapitre suivant, de même que les chapitres dix et onze s’avèrant particulièrement importants/denses, ils seront au centre de la note de lecture#4. Entre temps, si vous lisez, n’oubliez pas de prêter attention à ce qui est court, à l’anodin… et aux points de suspension.]

La suite sous peu. [note de lecture#4]

21 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#2

[on ne reviendra ni sur le pourquoi, ni sur le comment de ces notes de lectures, tout ayant déjà été dit en introduction de la note de lecture#1 - on se contentera donc d’embrayer, toujours aussi abruptement : maintenant !]

* Première période
- Chapitre 2 :

Un chapitre nettement plus court – environ une page et demie – bien qu’essentiel ; on y reviendra.
Un chapitre qui nous saute à la figure (la diatribe de mise en garde de Trinidad à ses fils, la seule attitude politique efficace, selon lui : l’abstention. Guère surprenante de la part de l’apathique, du flemmard dont on nous a tracé – esquissé ? – le portrait au chapitre précédent) , un chapitre tel que le subissent
« les fils encore timides et timorés »(p.17)

Puis, de nouveau le même procédé, cette manière de faire le point, cette volonté de baliser le récit :
« On en était là : la voix hystérique de ce géniteur aboyant aux oreilles de ses rejetons des questions à la tonalité nettement goguenarde ; des questions mordantes, irritantes, venimeuses. »(p.17)

Un chapitre deux qui nous colle face-à-face à un Trinidad tonitruant, que rien ne semble pouvoir faire taire.
Sauf un crachat.
Puis un autre.
Que nous prenons, nous aussi, en pleine figure.
Diatribe tranchée net.
Stupéfaction.
Absence de réaction du père, ce sera donc Cécilia, la mère, qui répudiera les fils indignes.
Ce « mollard » en pleine face, curieusement ou pas, paraît contenir davantage de violence que la scène d’arrivée des cadavres, au chapitre un , pourtant nettement plus longue et sensément plus horrible. Se pourrait-il que l’horreur de la répression policière soit passée dans les mœurs, qu’elle soit subie par son côté inéluctable, par fatalité, alors que le manque de respect des enfants envers leur père, lui, ne saurait être « tolérable » ? (ceci dit avec tous les guillemets qui s’imposent)
Là, on ne peut qu’admirer la maîtrise de Sada, qui, en deux chapitres, par «
L'explication [qui vient], lentement, entrecoupée de langueurs et d’étirements (...) » (p.14)
, avec cette scène des crachats, nous fige, nous transforme en Trinidad.
Un chapitre deux pour une deuxième forme de violence, un deuxième événement déclencheur. Chronologiquement situé avant le premier. Un chapitre essentiel – on y est revenu.


*Première période
-Chapitre 3 :

D’entrée de jeu : tacle !
« Ici commence le recoupement de considérations non fondées par quelqu'un qui confond la matière du rêve avec celle de la réalité sans savoir où se situe la ligne de partage ou bien où se trouve en définitive l'absurde » (p.18)

On s’ébroue.
De qui est-il question ? De Trinidad ? Du lecteur ? Un recoupement – déjà ? – de quoi ? Des manques, creux, points de suspension des premières pages ou de ce qui y a été dévoilé ?
Et là, on se méfie : trop évident pour être honnête… Puis, à relire cet…avertissement on fronce les sourcils : recoupement de considérations non fondées, recoupement opéré par quelqu’un qui confond… sans savoir où se situe… absurde… Une autre balise ? À première vue, oui, mais une balise incertaine, trouble, mouvante, une balise qui davantage égare qu’elle ne guide.
D’ailleurs, le trouble, l’incertain, l’égaré, se déroule ensuite, chronologiquement placé après le départ de Trinidad, donc après le « etc. » du chapitre un et non après celui de ses fils, chassés par Cécilia au chapitre 2. Saut arrière, donc, pour mieux revenir après le premier chapitre qui pourtant fait suite, quant à lui, au chapitre deux – chronologie acrobatique, sauts temporels, il faudra s’y habituer ; à ce stade, on commence à se faire à cette gymnastique.
Trinidad,
« le flemmard, à la dérive, apprenti noctambule pour la première fois, mais voulant faire vite à tout prix » (p.18)
se rend donc à la grotte dans laquelle on lui a dit que ses fils, Papias et Salomon, s’étaient réfugiés (ne pas oublier que Trinidad est
« un épicier auquel ses clients viennent raconter des bobards gros comme leur désœuvrement et lui se laisse séduire tant qu'il en a le courage »
[chapitre un]). Ou semble y aller, recule, puis y parvient sans y être, appelle ses fils, les voit, ou les imagine morts, alors qu’il n’est pas arrivé à la grotte en elle-même ; cheminement erratique qui n’est pas sans certains points communs avec le parcours de la camionnette chargée de cadavres dans les rues de Remadrin (p.12). Coïncidence ?
Tout ondule, dans ce chapitre onirique, construit comme un mirage en plein désert, un mirage nocturne, une vision somnambule, dans lequel on trébuche, hésite, sait, ou croit savoir, puis ne savons plus (« considérations non fondées », on était prévenu…) jusqu’à :
« peut-être tomber vaincu par le sommeil, mais arriver, à bout de forces » (p.22)

À bout de forces.
Ici vient le chapitre quatre, comme lui aussi à bout de forces.


*Première période
-Chapitre quatre :

À bout de forces.
Une quinzaine de lignes, un changement de rythme. Et de focale.
Trinidad en
« silhouette floue, à la dérive, une ombre, une vision fugace, comme une simple conjecture. » (p.22)

« le cri choquant contre l’écho », peut-être l’écho de la voix « décomposée et extasiée » de Cécilia à la fin du chapitre un – mais peut-être aussi l’écho du haut parleur placé sur le toit de la camionnette (p.11), dans le même chapitre – dans lequel se posait la question « l’écho lui en parviendrait-il ? » (p.16) dont la réponse semblait être alors « Probablement tout fut réduit à une rumeur (…) » (p.16)
Rumeur que l’on retrouve ici-même, p.22, sous une forme à peine altérée : « le brouhaha de la résonance dure quelques minutes », renvoyant, une fois encore, non seulement à l’ultime phrase du premier chapitre mais aussi au brouhaha du tout début du roman :
« le vrombissement déchainé continuait à lui parvenir de l’extérieur (…). Ce brouhaha allait bien devoir s’apaiser, mais impossible de savoir quand » (p.9)

Quand ?
Dans les « quelques minutes » de la quinzaine de lignes du chapitre quatre ?
Reprenons cette phrase en entier :
« le brouhaha de la résonance dura quelques minutes comme un essaim affolé, et il faudrait multiplier les expédients face à un sommeil peuplé de lamentations qui ne s’éteindraient pas, quand bien même le père se réveillerait peut-être plus dispos. »

N’aurait-on pas ici le point nodal de tout le chapitre un ?
D’autant plus que la phrase suivante semble bien enfoncer le clou :
« C’était la confusion, la noirceur, la lumière derrière lui, mais aucun relent de pourriture. »

Un peu plus de 20 pages synthétisées en un peu plus d’une ligne…
Encore que l’on sait que ce « derrière lui » oscille du plus proche au plus lointain.

Conclusion : ce qui est court, dans L’Odyssée barbare, n’est pas forcément anodin. C’est alors que l’on remarque, une fois encore, que l’on était prévenu, et ce dès la deuxième phrase du chapitre :
« Reconstituée à grands traits ? c’est ce qu’il voulait. »

Oui, mais qui est « il » ? Trinidad…ou Daniel Sada ?


*Première période
-Chapitre cinq :

« Plusieurs heures ont-elles passé ? »

Ici-là, après ce qu’on vient de réaliser en davantage de lignes que n’en comporte le chapitre précédent, la très nette impression que Sada sait parfaitement ce qu’il fait, l’effet produit par sa quinzaine de lignes sur le lecteur – pour peu que ce dernier s’y soit arrêté. Alors, pour vérifier, il l’interpelle :
« Plusieurs heures ont-elles passé ? »

Point de « ici commence », de « on en était là », encore moins de « on en revient à ce qu’on sait », non, une simple question – ironique ? – comme pour savoir si l’on s’en sort, si l’on sait où l’on en est après avoir scrupuleusement suivi les indications une à une avec notre « croquis de référence », « le plus clair possible, avec des flèches dans tous les coins » (p.14), si Sada peut enfin nous laisser avancer seuls.
Sada s’amuse entre les lignes : vous avez suivi ? Parfait, on va vérifier…
« Plusieurs heures ont-elles passé ? »

Mais cette question : pour Trinidad, ou pour le lecteur ?
Et ça continue !
« Trinidad est aux aguets : s’il pouvait avancer d’un pas ferme en profanant l’obscurité, s’il avait avec lui une lampe de poche ou une modeste allumette. Il s’apitoie sur lui-même. Il a dû ralentir comme s’il voulait se refaire un peu. » (p.22)

Trinidad…ou le lecteur ?
Et ça recommence !
« Pour la première fois il s’aperçoit de l’échec retentissant de sa tentative. Ridicule échec subconscient où se conjuguent fiction et candeur ; ses rêves le trahissent-ils à leur tour, ainsi que sa mémoire ? » (p.23)

Trinidad…et le lecteur ?
Et ça n’est pas fini !
« Du même coup il lui faut au plus vite sortir de ce sordide embrouillamini, rien que par bravade. Ensuite renoncer : il fait demi-tour, tête basse, et regagne le seuil éclairé. Il avait besoin de lumière, de nouveaux encouragements. Il part lentement, tout en se bagarrant encore dans sa tête avec un tas de choses. »

On ne saurait mieux dire.
D’autant plus que, là encore, une balise :
« Il faut de toute urgence faire un point momentané, en commençant par une première évidence »

Balise…incertaine, comme d’habitude :
« Mais il s’avérait que malgré tout cette constatation était erronée, la démarche à suivre serait différente »

Plus loin, une autre balise, un indice ?
« Résumé en clair obscur, étant donné que le monde lui aussi avait tourné un peu plus et pris une légère inclinaison (…) Discrets recommencements » (p.23)

Puis le Trinidad/lecteur
« se redresse avec la lenteur d’un âne et recule perplexe, péniblement, de quelques pas seulement. »

Sauf que :
1/ aucune pénibilité dans le fait de reculer – bien au contraire.
2/ on mesurera bien vite l’ampleur de ces « quelques pas »...

Dès le chapitre six.

(on tentera, à l’avenir, des notes plus courtes – dans la mesure du possible, tant ce roman foisonne et fluctue et joue avec les différents moments du récit, tout autant qu’avec l’attention du lecteur.)

La suite sous peu. [note de lecture#3]

18 mars 2009

Daniel Sada - L'Odyssée barbare : note de lecture#1

Que l'on ne se méprenne pas, il n'est pas question ici de revenir sur ce qui a déjà été dit sur L'Odyssée barbare de Daniel Sada par certains des Chums of the Club, ni de couper l'herbe sous le pied des autres Chums qui ne manqueront pas d'en dire quelque chose (par ici entre autres).
Ce qui va suivre n'est rien d'autre qu'un simple, très banal journal de lecture, au rythme de la lecture, avec son lot d'approximations, de suppositions fumeuses, de contradictions d'un chapitre à l'autre.
Ce qui va suivre s'inscrit davantage dans la lignée des cartes postales de l'été 2008, cartes postales de lecture de 2666 de Roberto Bolaño.
Une différence cependant : impossible de garantir une telle régularité, ni une telle rapidité dans les notes de lectures de L'Odyssée barbare.
Absence de congés oblige.
Autres points à ne pas négliger :
1/ que ceux qui souhaitent avoir une vision d'ensemble afin, éventuellement, de se procurer, L'Odyssée barbare, aille voir chez Bartleby qui ouvre de plus en plus les yeux d'être devenu une star en l'espace de quelques jours.
2/ on tentera de ne pas trop en dévoiler non plus, histoire de ne pas gâcher le plaisir du clan des 1/
3/ je ne suis pas le premier à entreprendre ce genre de choses au sujet de ce livre. Un certain A.W l'a fait lui aussi (ici et ici, ou l'inverse) - il y reviendra, à plus d'un titre, on peut lui faire confiance.
Compte tenu de tout ce qui précède, je ne présenterai pas Daniel Sada puisque vous n'avez qu'à suivre les infolinks.
Le début va donc paraître un tantinet abrupt.
D'ailleurs, c'est maintenant !
Juste après la couverture de "Porque parece mentira la verdad nunca se sabe" [pour une explication quant à l'étrangeté de la translation vers le french, qui a fait grincer certaines dents, voir toujours chez Bartleby.]



Le chapitre un de la Première période de L'Odyssée barbare raconte le début d'une histoire.
On pourrait, à juste titre, opposer que cela n'a rien de bien exceptionnel.
Effectivement, puisque tout y est : un évènement qui déclenche le début d'une quête, l'introduction de quatre personnages et une fin suffisamment ouverte.
Ce serait omettre une chronologie bouleversée, des bribes d'informations futures ou passées semées ici ou là à l'aide d'un temps à géométrie variable, ou plutôt à contre emploi, des manques, des trous, des absences (ici, le lien avec Bolaño, qu'il n'est plus la peine de rappeler, se comprend : les deux auteurs auraient-ils le même goût pour les fragments ?) A tel point que l'on se demande si l'on n'aurait pas râté quelque chose. Le premier indice intervient à peine trois pages après le début :

"Pour être plus clair, on en revient à ce qu'on sait"

Autre indice :
" Ce que le mari savait - sapristi - était une pelote grossière de fils tirés à l'aveuglette, réels : peut-être ? rêvés : ratés ? Histoire virtuelle d'un épicier auquel ses clients viennent raconter des bobards gros comme leur désoeuvrement et lui se laisse séduire tant qu'il en a le courage".

Là, on tique sérieusement : ne serions-nous pas cet épicier ?
Puis reviennent en mémoire les incipits, présentés par Daniel Sada comme des "réflexions entendues" :
« Dieu créa le monde parce qu’il aime les histoires –
Réflexion entendue au café La Blanca dans le centre historique de Mexico.
[Là, on repense à une phrase de Autres électricités de Ander Monson :
"L'espace d'un instant il pense que le monde pourrait être une vieille radio énorme, vivante et électrique, pleine de voix et de friture, de stations se mêlant les unes aux autres. [...] le signal se faisant entendre clairement puis se diluant dans un silence rempli de friture avant de reprendre."

p.82 in Une vieille radio énorme ]


"La vérité c’est comme du mensonge, on n’en sait jamais rien –
Réflexion entendue à la gare routière de Culiacán, Sinaloa. »


Advient alors ce qui devait : on relit.
En tentant plus ou moins de reconstituer une chronologie rationnelle : les cadavres attendus depuis midi arrivent à 3 heures de l'après-midi, il faudra plus de trois heures pour les décharger, la camionnette repart à minuit.
Mais où l'affaire se corse, c'est que l'on repart deux jours avant (passage raconté au présent) pour mieux revenir ensuite à cette fin ouverte...au passé simple et conclue par un "etc."
C'est là, qu'on relit une troisième fois pour s'apercevoir que Daniel Sada s'est peut-être bien adressé indirectement aux lecteurs, de façon plus insidieuse - farceuse ? - que "Pour être plus clair".
Tout laisse à penser que ce chapitre regorge de pistes :
"en suivant bien entendu scrupuleusement les indications une à une, ce qui s'avèrerait fort compliqué si on n'avait pas sous la main un croquis de référence : ne serait-il pas judicieux d'en dessiner un, le plus clair possible, avec des flèches dans tous les coins [...]"

On remarquera l'opposition entre "le plus clair possible" et "des flèches dans tous les coins".
Après réflexion, il est fort possible que le passage ci-dessus ne soit rien d'autre que la trame improbable du roman dans son entier. Fin incluse :
"Probablement tout fut réduit à une rumeur, une vibration de sens enchevêtrés, une brise vénielles...finalement, etc."

Et de nouveau, on repense à Bolaño et sa "poétique de l'inconclusion" évoquée dans "Le secret du mal".
Quelque chose de troublant, également : Trinidad fait la sieste tous les jours, "la sieste rêvée", mais a priori, puisque tout semble indiquer qu'il ne parvient pas à la faire, d'où lui vient ce cauchemar, dans les premières pages ?


Tout cela est-il réel : peut-être ? Une histoire virtuelle faite d'une vibration de sens enchevêtrés...finalement, etc.
"L'écho lui en parviendrait-il ?"
Lui...
Le lecteur ?
Au terme de ces quinze premières pages, il éprouve en tout cas bel et bien l'envie de démèler la "pelote grossière", les "sens enchevêtrés", armé d'un "croquis de référence" avec "des flèches dans tous les coins."

La suite sous peu. [note de lecture#2]

13 mars 2009

Salon du livre 2009 - Daniel Sada vs A.W : l'Odyssée barbare

Ce n'est un secret pour personne, le Salon du Livre 2009 se déroule à Paris ces jours-ci.
Ce n'est un secret pour personne, le Mexique y est à l'honneur.
Ce n'est un secret pour personne, une délégation des Chums of the Club (j'ai les noms) s'y rendra incognito -- ponchos et sombreros (nous y reviendrons).

En revanche, il y en a un que vous ne devez pas manquer et que vous ne pourrez pas rater.
Parce qu'il sera en haut de la dernière marge.
On stage, pour un remplacement au pied levé (même pas peur, le Chum).
Aux côtés de Daniel Sada.

Pendant une heure, dimanche 15 mars, de 16h à 17h, salle André Malraux, vous pourrez donc lui/leur faire le coup de l'odyssée barbare, de la part de l'esc@rgot malheureusement contraint par le côté obscur de la force de rester dans sa coquille.
Pour cela, rien de très compliqué.
Lorsque vous verrez A. W. et Daniel Sada, il vous suffira de tous vous lever et d'entonner d'un seul et unique poumon le refrain de la mort qui tue que voici :



Je vous avais bien dit qu'on y reviendrait, au sombrero.
M'est avis que nous tenons là l'hymne officiel 2009 du Fric-Frac Club.

La suite sous peu.